Si vous lisez cet article, c’est probablement que l’idée de devenir freelance vous trotte dans la tête. Peut-être que vous vous demandez si vous allez réussir à trouver des missions, si vous allez fixer correctement votre TJM (Taux Journalier Moyen), ou encore quel statut choisir. Ces interrogations sont normales, et elles sont partagées par de nombreux Business Analysts au moment de franchir le pas.
Ce que je partage ici, ce sont les résultats de mes recherches et de mon expérience à l’instant T, en septembre 2025. Le marché évolue vite. Mon intention n’est pas de vous livrer un tutoriel pas à pas, mais plutôt de poser par écrit les bonnes questions qui vous permettront de préparer votre projet de manière consciente et réaliste. À vous ensuite d’adapter ces éléments à votre situation, votre géolocalisation et vos compétences (hard skills, outils, expériences).
Le marché français des missions de Business Analyst freelance en 2025
Le rôle de Business Analyst est protéiforme. Selon les contextes, on vous appellera Business Analyst.e (BA), Assistant à la Maîtrise d’OuvrAge (AMOA), Product Owner (PO), Proxy Product Owner (PPO), Chef de projet MOA (CP MOA), consultant fonctionnel ou technico-fonctionnel. Ce qu’il faut retenir, c’est que la Business Analyse est avant tout une compétence transversale qui s’exprime différemment selon les organisations.
En 2025, les missions freelances couvrent un large spectre :
- Banque / Assurance : conformité, KYC, reporting.
- Énergie / Industrie : digitalisation, projets ERP.
- Retail / e-commerce : CRM, optimisation des parcours clients.
- RH : projets SIRH et outils collaboratifs.
- Data & BI : gouvernance de données, migration cloud, visualisation.
TJM : un indicateur, pas une vérité absolue
Mes recherches montrent que :
- En Île-de-France, le TJM médian se situe autour de 550–600 € par jour.
- En régions, il est légèrement inférieur : 450–500 € par jour.
- En passant par un intermédiaire (ESN, Entreprise des Services du Numérique), le TJM peut être réduit d’environ 30–40 €.
Je vous encourage à consulter directement les plateformes spécialisées (entre autres, Free-Work, Malt, Freelance-Informatique), car ces données varient selon l’expérience, le secteur et le contexte économique.
Petit clin d’œil : pour un BA suisse, ces tarifs sembleront bas ; pour un BA ivoirien ou marocain, ils paraîtront élevés. Moralité : appuyez-vous toujours sur les références locales!
Les opportunités pour un Business Analyst freelance
Devenir freelance en Business Analyse, c’est accéder à :
- Des missions variées, en BUILD (nouveau produit ou évolution majeure sur un produit existant, qu’il soit logiciel ou non) ou en RUN (maintenance évolutive et corrective).
- Une polyvalence valorisée : BA, PO, CP MOA, ou BA + Data/Change.
- Des secteurs en croissance comme la data, la cybersécurité, la réglementation.
- Une flexibilité accrue dans le choix des projets, parfois du « remote », et une plus grande autonomie sur votre rythme de travail.
On est en France, donc la valorisation d’un diplôme est importante.
Mais… pas tant que cela, pour un free-lance !
En effet, plus que votre diplôme ou votre intitulé de poste, ce qui fera la différence, c’est votre capacité à vous adapter et à comprendre les enjeux métier. On attend de vous une posture de conseiller.ère avisé.e, capable d’aider les organisations à faire les meilleurs choix pour optimiser leur chaîne de valeur.
Plus que jamais, en 2025, un Business Analyst freelance se doit d’être proactif, et non pas un simple exécutant.
Les risques et les peurs légitimes
Il est naturel d’avoir des appréhensions. En voici quelques-unes que j’entends souvent (et que j’ai moi-même vécues quand je me suis lancée en 2008) :
1. La pression sur les tarifs :
Les intermédiaires prennent une marge. Alors, est-ce financièrement intéressant ? Dois-je passer par une ESN (ex-SSII – entreprise des services du numérique) ou prospecter directement auprès des clients finaux ?
Pour ma part, je suis toujours passée par les ESN. Je préférais leur déléguer la prospection B2B et le risque lié au paiement. Mais j’ai connu des freelances qui avaient un beau réseau de clients finaux et qui passaient « en direct », avec pour conséquence un meilleur taux – mais plus de prospection.
A vous de voir si vous avez la fibre commerciale et des contacts solides. Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise solution, il y a celle qui vous correspond le mieux à un instant T.
2. La dépendance aux plateformes :
C’est utile pour démarrer, mais insuffisant à long terme si vous ne développez pas votre réseau (LinkedIn, recommandations).
Personnellement, j’ai constaté que les plateformes de freelances ne relayaient que les offres officielles, ce qui est très valable en région parisienne. Mais en région, notamment en région PACA où j’habite, la majeure partie des besoins s’exprime en sous-terrain. Le réseau est votre meilleur allié, tout comme une prospection sur LinkedIn.
En ce qui me concerne, ayant fait le choix de passer par des ESN, j’envoyais simplement à mes contacts d’ESN (commerciaux, managers…) un mail pour signaler ma prochaine disponibilité et demander un court échange pour connaître leurs besoins à court terme – et en profiter pour remettre à jour mon CV (si on avait eu des contacts dans les années ou mois précédents).
3. La trésorerie :
Il faut anticiper les délais de paiement (30, 60, parfois 90 jours). En général, quand, en tant que freelance, on passe par une ESN, on est payé à 30 ou 45 jours date de facture. Après les premiers mois d’exercice en indépendant, le fond de roulement est en place.
Le problème se pose donc surtout au tout début, quand on entame notre première mission. Prévoyez donc au moins 2 mois de trésorerie en attendant votre premier règlement.
4. Le piège du micro-entrepreneur : avec un TJM de 500–600 €, le plafond annuel (77 700 €) est vite dépassé. Donc, à moins de travailler à mi-temps, optez plutôt pour une constitution en société. Personnellement, j’ai opté pour une EURL, mais je connais d’autres free-lances qui sont en SASU.
Voilà pour un premier état des lieux : connaître ces risques, c’est déjà commencer à les gérer…
Quel statut choisir pour devenir Business Analyst indépendant ?
J’ai évoqué précédemment mon choix de travailler en EURL. Il n’existe pas de réponse unique, mais voici des repères :
- Micro-entrepreneur : simple, mais plafond trop bas, donc peu adapté à un BA free-lance.
- Portage salarial : une solution intermédiaire rassurante, avec cotisation au chômage, sécurité sociale des salariés et accompagnement par la société de portage, mais des frais de gestion (5–10 %) grèvent votre marge. Et personnellement, je n’ai pas souvent vu des BA free-lances pointer au chômage… c’est presqu’incompatible avec la démarche de « consulting indépendant», selon moi. Celles et ceux avec lesquels j’ai pu discuter avaient plutôt besoin d’une structure rassurante, et tôt ou tard, ont fini par se constituer en société.
- EURL / SASU : ces formes de sociétés apportent davantage de crédibilité, n’ont pas de plafond de chiffre d’affaires imposé, mais sont soumises à davantage d’obligations comptables. C’est une solution idéale pour une installation durable. Concernant la partie comptable et fiscale, à mes débuts j’ai fait appel à un cabinet comptable. Puis, ayant trouvé un logiciel adapté, j’ai fait ma comptabilité seule. Avant de revenir sur la solution « expert-comptable » pour me libérer du temps – les tarifs de ces derniers ayant beaucoup diminué.
En gros, si vous voulez tester sans risque, le portage est un bon compromis. Si vous êtes prêt à construire une activité pérenne, EURL ou SASU seront plus adaptés.
Boîte à outils du BA freelance en 2025
Vous êtes prêt.e à passer à l’action ? Voici la liste des premiers points que vous pouvez étudier avant de commencer votre première mission.
1. Calculer votre TJM
Incluez : charges sociales, congés, assurance RC Pro, jours non facturés. Rappelez-vous qu’un freelance facture en moyenne 200 jours par an. Vous pouvez aussi croiser le résultat de ce premier calcul en partant du TJM de l’ESN, si vous le connaissez, et en déduisant environ 20% de commission.
Par exemple : vous savez que l’ESN facture son client final votre rôle de PO / BA à 600 euros HT. L’ESN prend 20% de marge, ce qui vous fera un TJ net de 480 euros. Si vous prévoyez 200 jours de facturation dans l’année, votre CA HT sera donc de 480 x 200 = 96000 euros.
Déduisez ensuite les charges opérationnelles qui sont normalement assez faibles quand on est consultant.
Est-ce que le résultat obtenu vous permettra de vous rémunérer au niveau que vous souhaitez, charges sociales incluses ? Sachant que tout jour non travaillé, qu’il soit dû à un congé, ou une période d’inter-contrat sera financé par votre CA encaissé. A noter qu’en France, en 2025, les freelances ont heureusement droit à des indemnités pour maladie, accident, ou maternité, mais celles-ci ne sont pas très élevées. Vous pouvez donc aussi souscrire à des mutuelles, prévoyance, complémentaires etc. Et si je peux vous donner un conseil : ne faites pas l’impasse dessus. En tout cas, pas trop longtemps. On le regrette quand on en a besoin – et malheureusement ça, ce n’est jamais prévu dans notre business plan initial !
2. Check-list de départ
Je ne vais pas vous détailler toutes les démarches juridiques et fiscales – celles-ci dépendent de votre choix de structure (portage, micro-entreprise, EURL/SASU).
Retenez que pour pouvoir démarrer votre première mission comme Business Analyst freelance, vous devriez avoir en votre possession :
- Un numéro SIRET actif.
- Une assurance Responsabilité Civile Professionnelle (appelée RC Pro). Certains freelances n’en souscrivent pas, d’autres attendent que l’ESN ou le client final la leur réclament. Bien que facultative, celle-ci est néanmoins fortement recommandée : un client qui estime que votre conseil leur a porté préjudice, un problème de confidentialité (à l’époque des chatGPT & co où les informations « fuitent » sur les IA génératives… c’est du domaine du possible) ou encore un conflit contractuel… mieux vaut prévenir que guérir. Pour ma part, j’ai pris l’habitude d’en souscrire, c’est peu onéreux (l’équivalent de moins d’un jour de facturation à l’année), mais je n’ai jamais eu à m’en servir. Le propre des assurances, me direz-vous ! Oui, mais j’y ai gagné une tranquillité d’esprit.
- Contrat type (ou via portage) : en général, c’est l’ESN ou le client final qui vous adresse son propre contrat type. Mais prévoyez quand même un modèle à adapter. Et avec les IA génératives, c’est rapide à rédiger, et de qualité 😉
- Profil LinkedIn optimisé et clair. J’avoue, je ne suis pas un bon exemple de ce dernier point. Mais quand on débute comme BA freelance (ce qui n’est plus mon cas), c’est quand même un prérequis, donc soignez votre profil LinkedIn, c’est le premier contact que vous aurez avec une ESN ou un client final !
3. Pitch et prospection
- Préparez un pitch simple : “Je suis Business Analyst, j’aide les entreprises à clarifier leurs besoins et à transformer leurs idées en solutions concrètes.”. Spoiler alert : j’ai demandé à ChatGPT de m’écrire ce pitch, qui est franchement améliorable. Mais vous voyez l’idée.
- Publiez régulièrement sur LinkedIn. Et si vous n’avez rien à publier, likez ou commentez d’autres publications que votre réseau pourrait lire (comme les miennes !).
- Utilisez les plateformes, mais ne dépendez pas uniquement d’elles. Vous l’avez compris, il y a tout un réseau officieux qui ne passe pas par elles. D’autre part, beaucoup d’ESN publient uniquement pour refaire leur « CVthèque ». En gros, ce sont des annonces factices pour tester leur attractivité, et obtenir des noms de candidats (en recherche d’emploi, ou des freelances) à recontacter en cas de besoin. En effet, beaucoup si ce n’est l’immense majorité des ESN « staffent » leurs consultants sur mission et non sur profil. Les annonces sérieuses avec une réelle opportunité contractuelle à la clé ne sont donc pas les plus nombreuses. En revanche, en tant que freelance, cela vous permet de vous faire connaître des ESN qui recherchent régulièrement des Business Analysts freelances. Vous rentrez ainsi dans leur écran radar, et … elles rentrent aussi dans le vôtre, pour des prises de contact ultérieures. Concernant les employeurs « clients finaux », lorsqu’ils publient des annonces de BA salariés, c’est que leur processus RH a déjà été validé. Ils sont donc en général moins ouverts à faire des travailler des BA freelances, mais cela arrive. Et surtout, cela démontre leur besoin en Business Analysts : peut-être y a-t-il d’autres opportunités officieuses en interne auxquelles vous pourriez répondre.
Pour conclure
Devenir Business Analyst freelance en 2025 est une belle opportunité, mais c’est aussi un projet qui demande préparation et lucidité. Les TJM sont attractifs, les missions nombreuses, les secteurs porteurs. Mais attention aux pièges : statut inadapté, trésorerie fragile, dépendance aux intermédiaires.
Cet article a pour vocation de vous aider à poser les bonnes questions. À vous maintenant d’aller creuser, selon votre contexte, votre localisation, vos compétences.
La vraie question n’est pas “Est-ce que je peux devenir freelance ?” mais plutôt “Comment puis-je préparer mon projet pour qu’il fonctionne, dans ma situation spécifique ?”








