Peut-on devenir Business Analyst sans diplôme en informatique, sans expérience en développement, et sans savoir coder ? Alors que les offres d’emploi évoquent de plus en plus fréquemment SQL, Power BI ou Python, nombreux sont les professionnels en reconversion qui hésitent à franchir le pas. Et pourtant… la réalité du terrain raconte une tout autre histoire. Entre mythes tenaces et vérités souvent invisibles, voici un éclairage approfondi et incarné sur un métier au croisement du business et du digital — et pourquoi, en 2025, le cœur du métier de Business Analyst ne bat pas dans le code, mais dans la compréhension.
L’histoire de Jade, ou la question qui bouscule
« No tech background… but I want to be a Business Analyst. Is it even possible? »
C’est avec cette phrase postée sur un forum Reddit anglophone que Jade (prénom anonymisé), une professionnelle du marketing digital de 34 ans, interpelle la communauté. Son message est simple, sincère, et pourtant chargé d’ambivalence : elle rêve de transition vers un métier plus stratégique, plus proche des projets de transformation et de la prise de décision… mais sans ligne de code à son actif, elle doute.
Sa question a fait réagir des dizaines de membres — des Business Analysts aguerris, des recruteurs, des reconvertis — qui ont tour à tour partagé leurs encouragements, leurs doutes et leurs conseils. Ce thread, c’est une photographie instantanée des interrogations de milliers de personnes en reconversion.
Et c’est aussi le point de départ de notre réflexion.
Car Jade n’est pas seule. Elle est la représentante d’un mouvement profond, international, porté par des professionnels issus de la communication, de la finance, de l’administration, du conseil, de l’enseignement… qui voient dans la Business Analyse non pas un métier technique, mais une passerelle entre les besoins des organisations et les solutions qui les accompagnent.
Alors, la question est posée : peut-on devenir Business Analyst sans bagage technique ? Est-ce un défi insurmontable… ou un mythe bien enraciné à déconstruire ?
Dans cet article de fond, nous allons suivre le parcours fictif mais réaliste de Jade, et explorer cette reconversion pas si improbable. Nous croiserons les témoignages de professionnels, les enseignements du terrain, les erreurs de casting fréquentes, et les attentes réelles des recruteurs à travers les pays. En filigrane, nous verrons comment les compétences humaines, l’analyse métier et la capacité à structurer les besoins priment, bien souvent, sur la technicité brute.
Spoiler alert : si vous êtes capable de comprendre un besoin, de poser les bonnes questions et de traduire une problématique métier en solution concrète, vous avez déjà l’essence du métier.
Le tournant d’une carrière : pourquoi des profils « non-tech » s’intéressent à la Business Analyse ?
Lorsque Jade découvre la Business Analyse, ce n’est pas en cherchant un nouveau langage de programmation à apprendre. C’est en assistant à une réunion de cadrage projet dans son entreprise. Ce jour-là, elle voit une personne poser les bonnes questions, structurer les échanges entre les utilisateurs et les développeurs, cadrer les objectifs métier… et fluidifier tout le processus. Cette personne, c’était un Business Analyst.
À ce moment-là, Jade ne voit pas un profil technique, elle voit un rôle de facilitateur, de stratège opérationnel, de trait d’union entre deux mondes. Et elle n’est pas la seule à avoir cette révélation.
Une tendance de fond, portée par la transformation digitale
Depuis la pandémie de 2020, le rôle du Business Analyst s’est imposé comme une fonction-clé dans les organisations en mutation. En 2025, on observe une croissance record des offres d’emploi dans ce domaine. En France, les postes ont triplé entre 2020 et 2022, avec plus de 6000 offres début 2025. Aux États-Unis, le Bureau of Labor Statistics prévoit une croissance de +14 % d’ici 2030. Et cette dynamique est mondiale : Canada, Royaume-Uni, Inde, Europe francophone, tous les marchés témoignent de la même tension.
Cette explosion s’explique simplement : les entreprises ont un besoin pressant d’interprètes métier/technique, capables de clarifier les besoins, structurer les solutions et aligner les parties prenantes. L’arrivée massive de solutions digitales, de projets SI, de migration cloud, de refonte de parcours clients rend ce rôle incontournable.
Pourquoi les profils non-tech sont-ils attirés par ce métier ?
Parce qu’ils y retrouvent :
- Un sens stratégique : le BA n’est pas un exécutant, c’est un acteur de la transformation.
- Un ancrage métier fort : comprendre les objectifs business, les processus, les irritants.
- Un rôle transverse et humain : facilitation d’ateliers, animation de comités, médiation entre directions.
- Un impact concret : c’est souvent le BA qui transforme une idée abstraite en solution claire et déployable.
C’est ce qui attire des professionnels venus du marketing, du contrôle de gestion, de la logistique, de la gestion RH ou encore de l’administration publique. Ils ont déjà ce socle d’analyse, cette capacité à décoder un besoin, à travailler avec des équipes variées… mais ils ignorent encore parfois que cette compétence est le cœur même du métier de Business Analyst.
Le cas de Jade : du marketing à l’analyse d’affaires
Jade ne sait pas ce qu’est UML, elle ne connaît pas les bases de données, mais elle a :
- Passé 8 ans à analyser des comportements clients,
- Rédigé des dizaines de briefs fonctionnels pour des développeurs web,
- Travaillé sur des outils CRM et des parcours omnicanaux,
- Mené des ateliers avec les commerciaux et la DSI,
- Et compris très vite que ce qu’elle faisait déjà… portait un nom : Business Analyse.
Le déclic n’est donc pas de changer de voie, mais de comprendre que la sienne était déjà partiellement alignée. Il lui restait à formaliser, structurer, et adopter les standards du métier.
« Mais je ne sais pas coder ! » : la peur du syndrome de l’imposteur
Lorsque Jade explique à un ami développeur son envie de devenir Business Analyst, la réponse tombe, et plutôt brutalement, il faut le dire :
« Tu veux être BA sans savoir coder ? Bonne chance. »
Et voilà. Le doute s’installe. Peut-elle vraiment se faire une place dans un univers où la technique semble omniprésente ?
Dans les offres d’emploi, les mots SQL, Power BI, Python apparaissent souvent. Elle se demande :
Est-ce que je suis légitime sans bagage informatique ?
Pourquoi un background IT peut être un atout
Il serait malhonnête de dire que les compétences techniques sont inutiles.
Certaines missions exigent de savoir :
- Lire une base de données,
- Identifier une anomalie dans une requête SQL,
- Comprendre un appel d’API,
- Dialoguer avec des développeurs dans leur propre langage.
Dans les projets à forte composante data ou technique, ces connaissances sont précieuses.
Elles permettent de :
- Gagner en crédibilité auprès des équipes IT,
- Identifier rapidement les causes d’un blocage,
- Anticiper les contraintes d’implémentation.
Jade le comprend : plus elle saura décoder l’environnement technique, plus elle sera efficace et rassurante.
Mais cela ne signifie pas qu’elle doit devenir développeuse.
Mais pourquoi ce n’est pas indispensable (et parfois contre-productif)
La majorité des professionnels interrogés sur Reddit sont unanimes :
« Tu n’as pas besoin de coder pour être un excellent BA. »
Et les données terrain confirment cette intuition. Selon une étude analysant plus de 1000 offres d’emploi de Business Analyst :
- Seulement 27 % mentionnent SQL comme une exigence obligatoire,
- Et moins de 15 % demandent Python ou des compétences en scripting.
Pourquoi cette déconnexion entre les annonces et la réalité ? Parce que le vrai rôle du Business Analyst, c’est de comprendre, structurer, traduire. Ce n’est pas d’écrire du code. Et ce n’est pas parce qu’une offre mentionne un outil technique que ce sera une part essentielle de la mission.
Les raisons pour lesquelles un recruteur mentionne SQL dans une fiche de poste sont souvent floues :
- Il pense qu’un BA « tech » parlera mieux aux développeurs,
- Il veut une personne autonome dans ses requêtes (même simples),
- Ou il recopie des critères d’une ancienne annonce.
Mais sur le terrain, la valeur d’un BA se mesure à autre chose :
- Sa capacité à recueillir et reformuler des besoins,
- À écrire des spécifications claires et compréhensibles,
- À faciliter la communication entre les parties prenantes,
- À prévenir les dérives de projet (scope creep, mauvaise priorisation…).
Et surtout, à poser les bonnes questions quand personne n’ose le faire.
Un piège fréquent : le BA qui code, mais qui ne comprend pas le métier
Les retours d’expérience de terrain sont sans appel :
- Un BA ultra-technique peut produire des documents parfaits sur la forme… mais à côté de la plaque sur le fond.
- Un BA qui maîtrise SQL sur le bout des doigts peut rater l’intention métier, les contraintes réelles, les règles implicites.
C’est pour cela que les entreprises les plus matures cherchent aujourd’hui des BA capables de comprendre le pourquoi avant de maîtriser le comment.
Et Jade, dans tout ça ?
Jade décide de s’inscrire à une formation pour apprendre les bases du SQL :
juste assez pour lire une requête, comprendre la structure d’un système, poser une question pertinente à un développeur… mais pas pour coder toute la journée.
Elle se fixe une règle simple :
« Si ça m’aide à mieux comprendre le système, j’apprends. Si c’est pour le faire à la place de l’équipe technique, je m’arrête là. »
Ce cadre, clair et stratégique, lui permet d’apprendre sans se noyer, et de se concentrer sur ce qui fait sa vraie valeur ajoutée :
être la voix du métier dans les projets techniques.
Des compétences transférables insoupçonnées
Avant de découvrir la Business Analyse, Jade n’avait jamais entendu parler d’UML, de BPMN, ou de rédaction d’exigences fonctionnelles.
Et pourtant… ce qu’elle faisait depuis des années, c’était exactement cela — sans les mots techniques.
Quand l’expérience parle plus fort que le jargon
Voici ce que Jade savait déjà faire :
- Traduire des besoins marketing en briefs pour une agence web,
- Synthétiser les retours utilisateurs pour ajuster un site e-commerce,
- Concevoir des parcours clients logiques et mesurables,
- Travailler avec des développeurs, des graphistes, des chefs de produit,
- Animer des ateliers pour mieux comprendre le terrain.
À aucun moment on ne lui avait dit :
« Ce que tu fais, c’est de l’élicitation de besoin. »
« Ton schéma de parcours, c’est une modélisation métier. »
Et pourtant, c’en était.
La Business Analyse, un assemblage de compétences souvent préexistantes
La grande force de la BA, c’est qu’elle ne se limite pas à un parcours académique unique.
Elle peut être la convergence de plusieurs savoir-faire, souvent déjà présents dans des fonctions connexes.
Voici des compétences transférables clés, identifiées dans les témoignages du forum Reddit et confirmées dans tes articles :
Compétence transférable | Fonction d’origine | Équivalent en Business Analyse |
Rédaction de documents clairs | Communication / RH | Spécifications fonctionnelles |
Animation de réunions | Chef de projet / Consultant | Ateliers d’élicitation |
Analyse de données simples | Marketing / Contrôle de gestion | Préparation de rapports, validations |
Gestion d’incertitude | Relation client / Vente | Cadrage des exigences |
Travail transversal | Chef de produit / Coordo | Médiation entre métiers et IT |
Le rôle du recul méthodologique
Mais attention : ce n’est pas parce qu’on sait faire « un peu de tout » qu’on est automatiquement BA.
La différence entre un « profil qui a l’habitude de gérer des projets » et un Business Analyst professionnalisé, c’est la méthode.
“Changez un seul paramètre dans l’équation projet (secteur, méthodo, livrable) et vous devez redéfinir votre rôle.”
Autrement dit, sans méthode et sans cadre, on réinvente la roue à chaque mission.
Avec une vraie structure — formations, standards internationaux, accompagnement par des pros —, on professionnalise ses réflexes, et on peut les appliquer à n’importe quel contexte.
Le parcours de Jade vers la professionnalisation
Une fois consciente de la valeur de ses compétences passées, Jade décide de :
- Formaliser ce qu’elle sait faire (dans un CV orienté livrables et compétences sous-jacentes en BA),
- Identifier ses zones d’inconfort (par exemple : priorisation des exigences, rédaction de user stories),
- Se former sur ces zones de manière ciblée,
- Et surtout : changer de posture mentale.
“Je ne suis pas une junior. Je suis une professionnelle qui transfère ses forces dans un nouveau cadre.”
Et c’est précisément cette posture — humble mais confiante — qui convaincra ses futurs recruteurs.
À chaque marché, ses codes : faut-il vraiment une certification ?
Lorsque Jade commence à explorer des offres d’emploi de Business Analyst, elle remarque une tendance intrigante :
- Au Royaume-Uni ou au Canada, on lui demande souvent une certification IIBA ou PMI-PBA.
- En France ? (Presque) jamais.
Et pourtant, c’est le même métier… ou presque.
Dans les pays anglo-saxons : la certification souvent comme preuve de compétence
Aux États-Unis, au Canada, au Royaume-Uni et en Inde, la culture de l’accréditation professionnelle est bien ancrée.
L’obtention d’un titre comme CBAP (Certified Business Analysis Professional) ou PMI-PBA est vue comme un gage de sérieux et de professionnalisme.
Les raisons sont multiples :
- Le marché est plus structuré et industrialisé.
- Les recruteurs utilisent des grilles d’évaluation normées.
- Les grandes entreprises veulent des profils « conformes » aux standards internationaux.
- Les formations accréditées sont nombreuses, financées, souvent intégrées dans les parcours RH internes.
Dans ce contexte, ne pas être certifié, c’est parfois être perçu comme incomplet ou peu crédible, même avec de l’expérience.
En France et en Afrique francophone : pragmatisme et zones grises
Sur les marchés francophones — France, Suisse, Belgique francophone, Sénégal, Côte d’Ivoire, Maroc, Tunisie — la situation est différente :
- Les titres IIBA et PMI sont très peu demandés dans les annonces.
- Ce sont les expériences concrètes et les livrables opérationnels qui priment.
- Les recruteurs ne maîtrisent pas toujours les standards BA, et confondent souvent le rôle avec d’autres métiers (chef de projet, testeur, data analyst…).
“Il ne suffit pas d’écrire ‘Business Analyst’ dans un syllabus pour que ce soit de la BA.”
Ce décalage entraîne deux écueils fréquents :
- Des offres mal calibrées, qui demandent du SQL ou du Python comme si c’était central.
- Des recruteurs RH ou techniques mal informés, qui jugent le CV à l’aune de compétences qu’ils comprennent (outils) plutôt que de celles qui comptent (méthodes d’analyse, posture projet, livrables BA).
Faut-il se certifier quand même ?
👉 Si vous visez un poste à l’international, en particulier dans le monde anglo-saxon ou en Europe de l’Est, ou encore dans un grand groupe structuré mature dans sa pratique de la Business Analyse, oui, une certification internationale IIBA, IQBBA ou PMI-PBA peut être un accélérateur.
👉 Si vous postulez dans un environnement plus flexible, pragmatique, ou en reconversion, ou encore dans un pays ou une entreprise qui n’a jamais entendu parler de Business Analyse (tout en la pratiquant sans le savoir), pas forcément.
La vraie question est : est-ce que cette certification m’aide à structurer ma pratique, à parler le même langage que mes interlocuteurs, à me sentir plus sûre de moi ?
C’est pour cela que le contenu de la formation compte bien plus que le diplôme en lui-même.
Un bon programme vous donne :
- Les standards de livrables attendus (modèles, structures),
- Une vraie posture de BA professionnel,
- Une méthode claire pour passer d’une expression de besoin plus ou moins élaborée à une solution adaptée, tenant compte des contraintes économiques, technologiques, humaines et de la gestion de projet IT
- Des retours terrain, pour affiner vos réflexes.
Le choix de Jade
Jade a choisi une formation axée terrain, animée par des Business Analysts expérimentés.
Elle a préféré une formation structurée sur la pratique plutôt qu’un certificat prestigieux mais trop théorique et sans accompagnement ni méthode pratique.
Et ça a payé : lors de son entretien, c’est sa capacité à expliquer le cycle de vie d’une exigence et à illustrer ses livrables qui a fait la différence, pas un logo sur son CV.
SQL, Power BI, Python : compétence cruciale ou piège à recruteur ?
Sur les offres d’emploi, Jade voit souvent ces mots en gras :
« Compétences requises : SQL, Power BI, Python. »
Elle panique un peu. N’est-ce pas une manière déguisée de dire : « Pas de profil non-tech, s’il vous plaît » ?
Mais en approfondissant ses recherches — et grâce à plusieurs témoignages de Business Analysts aguerris — elle découvre une vérité bien plus nuancée.
Une exigence souvent exagérée… et mal comprise
Les statistiques parlent d’elles-mêmes :
Seulement 27 % des offres de BA mentionnent SQL comme obligatoire.
Power BI ou Python ? Encore plus marginal, sauf pour les rôles spécialisés data analyst / BI.
Pourquoi cette inflation apparente dans les fiches de poste ?
Parce que les compétences techniques sont plus faciles à évaluer et à lister que les soft skills.
Et aussi, parce que beaucoup de recruteurs confondent les rôles :
- BA ≠ développeur
- BA ≠ data scientist
- BA ≠ testeur QA
SQL : outil de navigation, pas de pilotage
Le SQL est un outil stratégique, pas une compétence cœur de métier.
- Il permet au BA d’interroger les bases de données, de vérifier ses hypothèses, d’accéder à la donnée brute sans filtre.
- Il confère de l’autonomie, ce qui est toujours apprécié.
- Mais maîtriser SQL ne compensera jamais une mauvaise compréhension des besoins.
“Savoir visser avec un tournevis ne fait pas de vous un architecte.”
Jade l’a compris : elle doit connaître les bases (requêtes simples, lecture de données, jointures…) pour être fluide avec l’IT, mais elle n’a pas besoin de maîtriser les requêtes imbriquées ou les scripts complexes.
Ce qui compte plus que l’outil : le sens de l’analyse
Les entreprises qui recrutent sérieusement des Business Analysts cherchent des personnes capables de :
- Comprendre les processus métier,
- Identifier les points de friction,
- Poser les bonnes questions aux bonnes personnes,
- Modéliser une solution cohérente, soutenue par la donnée,
- Et communiquer tout cela clairement.
Le SQL, Python ou Power BI ne sont utiles qu’en soutien à cette mission. Pas en remplacement.
Les deux pièges à éviter
- Le BA « trop technique » qui oublie le métier
→ Il comprend la base de données, mais pas le contexte métier. Il propose des solutions… à côté du vrai problème. - Le BA « trop métier » qui refuse tout contact avec les données
→ Il dépend d’autres pour faire ses analyses, perd en autonomie, et ralentit le cycle projet.
La clé est dans l’équilibre.
Le bon BA lit les données, pose des hypothèses, questionne les écarts, mais ne remplace pas le développeur.
L’approche de Jade
Jade a choisi une stratégie claire :
- Apprendre les fondamentaux de SQL,
- Comprendre la logique d’un modèle relationnel,
- Être capable d’interagir intelligemment avec les data analysts et développeurs,
- Et surtout, ne jamais perdre de vue la finalité métier.
Stratégie d’entrée dans le métier pour un profil non-tech (comme Jade)
Maintenant que Jade a identifié ses forces, suivi une formation structurante et compris les attentes du métier, reste à concrétiser son entrée dans le rôle de Business Analyst.
Pas de baguette magique, mais une stratégie claire, réaliste et pragmatique, construite autour de 4 leviers.
- 🧭 Cartographier ses compétences transférables (et les rendre visibles)
La première étape, c’est d’assumer pleinement son parcours hors IT — mais avec des mots-clés et des livrables BA.
Exemple :
- “J’ai piloté des projets CRM” → devient → “J’ai animé des ateliers de recueil de besoin, formalisé des processus et suivi les phases de recette utilisateurs.”
- “J’ai fait du marketing automation” → devient → “J’ai travaillé sur l’alignement besoin/fonctionnalité avec les équipes techniques.”
L’objectif ? Montrer que l’on a déjà exercé des compétences d’analyse métier, sans en avoir officiellement le titre.
- 🛠️ Créer des preuves concrètes de sa posture de BA
Même sans poste officiel de Business Analyst, il est possible de développer un portfolio de livrables, à partir de :
- Projets internes passés,
- Expériences bénévoles,
- Auto-projets (reconstruction d’un processus, simulation de user stories, etc.),
- Cas pratiques vus en formation.
Un livrable bien structuré parle plus fort qu’un CV.
Une matrice RACI, un diagramme BPMN, un backlog user stories : ce sont les marqueurs visibles d’un raisonnement structuré.
- 🤝 Adopter une posture de BA dès aujourd’hui (même sans changement de poste immédiat)
« Start where you are. I did BA work for months before I had the title. »
— témoignage Reddit
Jade a appliqué ce conseil. Plutôt que d’attendre une offre parfaite, elle a proposé dans son entreprise :
- De cartographier les parcours clients avec l’équipe support,
- De structurer une base de connaissance avec les utilisateurs métiers,
- De faire le lien entre le marketing et l’IT sur un projet d’outillage.
Petit à petit, elle est devenue “la référente métier”, celle à qui on posait les bonnes questions — parce qu’elle posait les bonnes.
- 🎯 Cibler les bonnes offres… et les bons interlocuteurs
Plutôt que d’envoyer des candidatures à des recruteurs RH généralistes, Jade a :
- Ciblé des ESN et startups en recherche de profils hybrides,
- Cherché des missions où l’analyse métier, la communication et la coordination sont prioritaires,
- Écrit à des chefs de projets SI, product owners ou managers de transformation digitale, pour leur parler leur langage.
Elle ne vendait pas un diplôme. Elle vendait :
- Une capacité à structurer le besoin,
- Une posture de facilitatrice projet,
- Et des preuves concrètes de sa montée en compétence.
Résultat : plus qu’un changement de métier, une montée en clarté
Aujourd’hui, Jade n’est pas “devenue Business Analyst” par magie.
Elle a compris que ce qu’elle faisait déjà pouvait devenir une carrière, si elle y mettait du cadre, de la méthode, et de la confiance.
Et surtout, elle a cessé de se justifier de ne pas être développeuse.
Elle est devenue une traductrice du business dans un monde technique — et c’est exactement ce que le marché cherche.
Conclusion : Ce n’est pas la technique qui fait le BA, c’est la clarté d’esprit
De son message anonyme sur Reddit à ses premiers pas officiels en tant que Business Analyst, le parcours de Jade illustre une vérité profonde :
👉 Le background technique est un atout, mais ce n’est ni un prérequis, ni un critère de réussite absolu.
👉 Ce qui fait un excellent Business Analyst, ce sont la clarté d’analyse, la capacité à structurer l’ambigu, la posture de facilitateur et la compréhension métier.
Les points essentiels à retenir :
- Le marché 2025 est ouvert aux profils non-tech, à condition d’en structurer les compétences transférables.
- La demande en BA explose, mais les recruteurs cherchent plus souvent des professionnels capables de livrer que des profils “purs tech”.
- Le syndrome de l’imposteur est courant, mais il peut être démantelé par une bonne formation, des preuves concrètes et une posture claire.
- Les outils (SQL, Power BI…) sont des leviers, pas des fondations.
- Le rôle du BA, en France comme ailleurs, est encore souvent mal compris — à vous de l’incarner, de l’expliquer et de le professionnaliser.
Un dernier mot, si vous êtes comme Jade…
Vous venez du marketing ? Du contrôle de gestion ? De la RH ? De l’enseignement ?
Vous doutez car vous ne savez pas coder ?
Vous avez lu des offres d’emploi qui vous ont fait reculer ?
Alors écoutez bien ceci :
Ce n’est pas votre capacité à coder qui fera de vous un bon Business Analyst.
C’est votre capacité à écouter, à structurer, à comprendre et à traduire.
Et si vous vous sentez capable de faire ça — même imparfaitement au début — vous êtes déjà sur le chemin.
La Business Analyse n’est pas un territoire réservé à une élite technique. C’est un métier d’équilibre, de finesse, de relation et de clarté.
Et aujourd’hui, plus que jamais, les entreprises ont besoin de gens comme vous.