Combien gagne un Business Analyst?

Comme il s’agit de la question la plus posée par les internautes recherchant des informations sur ce métier, j’ai décidé de vous donner dans cet article quelques éléments de réponse.

Il est en effet assez compliqué de s’y retrouver seul, tant les offres d’emploi et de missions sont devenues opaques! La plupart d’entre elles mentionnent un sibyllin “Selon profil” après la case “Salaire”, histoire de s’assurer d’un grand nombre de candidatures (pour en savoir plus sur la pénurie de Business Analysts, cliquez ici).

Tout d’abord, il faut distinguer deux cas: celui du Business Analyst salarié, et celui du freelance.

  • Dans le premier cas, le Business Analyst perçoit un salaire, a des congés payés, il a droit aux allocations chômage et bénéficie de  différents avantages variables selon l’employeur. C’est ce dernier qui se charge de lui trouver une mission ou une activité en interne.
  • Dans le second, le Business Analyst indépendant cherche lui-même ses missions, qu’il facture sur la base d’un Taux Journalier Moyen (TJM). Il doit s’acquitter de toutes ses charges, impôts et taxes, et prévoir un fond de roulement pour les périodes d’inter-contrat et les congés.

Je simplifie à l’extrême car le sujet est très complexe – il fera sans doute l’objet d’un article ultérieur pour aider celles et ceux qui réfléchissent à se lancer en tant que freelances (n’hésitez d’ailleurs pas à m’indiquer en commentaire si ce sujet vous intéresse!).

Ainsi, quand on parle de rémunération du Business Analyst, on doit distinguer les deux statuts: salarié ou freelance.

Voyons ensemble les 5 principaux critères qui influent sur sa rémunération.

Critère n°1 : la politique commerciale, financière et RH du demandeur

Par “demandeur”, j’entends l’employeur du Business Analyst ou l’entreprise qui fait appel à un freelance, laquelle peut être une ESN (entreprise des services du numérique), un cabinet de conseil, un intermédiaire ou un client final.

Quand on regarde sur internet, on peut être surpris par les écarts, qui sont assez considérables d’un employeur à l’autre. Sur ce site par exemple, les salariés peuvent indiquer leur rémunération et préciser leur région, années d’expérience ainsi que le nom de leur employeur.

On se rend ainsi compte que pour des profils similaires, la fourchette annuelle peut s’étaler de 36000 à 52000 euros selon les entreprises! Si vous êtes salarié, la diversité des missions et des clients, la mobilité géographique, la convention collective de l’entreprise, ou encore les possibilités de carrière en interne peuvent compenser des salaires plus faibles.

Pour attirer un freelance, le demandeur aura plutôt intérêt à communiquer sur le contenu de la mission pour laquelle il fait appel à lui, sa durée et le TJM. Sur ce site, vous pouvez également vous faire une idée des taux pratiqués : les freelances y communiquent leurs taux, en indiquant la région et la durée de la mission, si celle-ci a des intermédiaires, et le nombre d’années d’expérience.

Certaines entreprises travaillent avec des grands comptes qui achètent des prestations à des tarifs très bas, ayant de gros besoins tout au long de l’année. Elles rognent donc sur les taux et les salaires de leurs consultants, pour s’assurer d’un certain volume de chiffre d’affaire.

D’autres entreprises investissent d’avantage dans la prospection et la pré-vente, quels que soient leurs motifs (refus de brader leurs profils, stratégie d’image de marque…). Leurs commerciaux iront donc plutôt chercher des opportunités auprès des clients finaux de plus petite taille, et répondront à de multiples besoins ponctuels.

D’autres, encore, choisiront une niche sectorielle ou technologique (BI, ERP, banques et assurances, aéronautique etc): moins d’opportunités mais également beaucoup moins de fournisseurs ayant l’expertise requise! Cela peut permettre de payer plus confortablement les Business Analysts ayant le profil adéquat. Notez que l’inverse est tout aussi possible : certains secteurs disposent d’un grand nombre de candidats à l’expertise métier (le tourisme par exemple), ce qui fait baisser leur rémunération par le jeu de l’offre et de la demande.

La stratégie et la capacité commerciale et financière d’une entreprise déterminent donc en partie le salaire qu’elle acceptera d’octroyer à son salarié, ou le TJM qu’elle pourra verser au freelance.

Soyez donc curieux, et renseignez-vous sur l’entreprise et son contexte sectoriel avant d’accepter ou de refuser trop rapidement une proposition!

Critère n°2 : le nombre d’intermédiaires

Un Business Analyst peut travailler en direct pour un client final (par exemple, un éditeur de logiciels, une banque etc) ou pour le compte d’une ESN (Entreprise des services du numérique) prestataire d’un client final. Il est même de plus en plus fréquent de voir ce qu’on appelle dans le jargon un “empilement de marges“, en faisant intervenir un ou des intermédiaires prestataires d’une ESN laquelle vend finalement le profil à un client final.

Ainsi, dans le cas d’un Business Analyst freelance, plus il y a d’intermédiaires entre lui et le client final, moins son TJM est élevé car chaque intermédiaire prélève sa marge au passage.

Dans le cas d’un salarié d’ESN, si ce type de configuration de vente est ponctuel, cela n’impacte pas son salaire. Par contre, certaines petites sociétés de prestation de services, ne pouvant entrer en rang 1 chez les grands comptes, ont l’habitude de sous-traiter systématiquement auprès de celles qui sont référencées. Cela peut donc avoir un impact sur le salaire proposé au Business Analyst.

Critère n°3 : le nombre d’années d’expérience

Dès lors qu’un Business Analyst doit définir des processus, gérer le changement d’une organisation, participer à des plans stratégiques, ou intervenir sur des projets sensibles (pilotage par les risques, risques financiers importants etc), une expérience des thèmes traités est fondamentale. On n’envoie pas des “juniors” sans expérience sur ces sujets à enjeux. Dans le cas de grosses missions, les cabinets de conseil mandatés travaillent souvent en “squad”, avec des équipes mixtes composées de consultants expérimentés, moyennement expérimentés et juniors afin de permettre une montée en compétence et un partage des bonnes pratiques, tout en sécurisant les résultats de la mission.

Au risque d’enfoncer une porte ouverte, plus un profil est expérimenté, mieux il sera rémunéré. La qualité se paie, l’atténuation du risque par l’emploi d’un “senior” aussi.

Attention cependant à ne pas confondre nombre d’années de travail et expérience!

Un Business Analyst ayant travaillé 10 ans en tant que directeur financier ne sera pas considéré comme expérimenté en analyse métier. Cependant, il bénéficiera d’une crédibilité naturelle et d’une capacité de leadership et de pilotage que ne possède pas encore un jeune consultant de 2 années d’expérience, et la grille de rémunération ou le TJM en tiennent compte.

Notez tout de même que ce troisième critère d’appréciation de la rémunération est un peu moins valable pour l’analyse métier IT.

En effet, en lien avec le fort dynamisme du marché des systèmes d’information, les Business Analysts IT sont une espèce recherchée… Il y a une réelle pénurie sur les marchés francophones, aussi l’écart avec les profils très expérimentés est-il moins grand que pour les cas cités précédemment. Néanmoins, leurs salaires et TJM restent inférieurs à ceux des Business Analysts “métier” et “gouvernance” (voir les explications ici).

Critère n°4 : la localisation de la mission

Pas de scoop malheureusement…

Les tarifs pratiqués en région parisienne sont bien plus élevés qu’en province. Salaires ou TJM, la différence est conséquente, aux alentours de 25% pour les salariés, et jusqu’à 40% pour les TJM des freelances.

Cependant, l’écart se resserre avec la “séniorité” du Business Analyst :)!

Notez également que lorsque le client final de province s’adresse à des profils de Région Parisienne, il paie le prix du marché de la RP, avec en sus les frais de déplacement. Par contre, quand un Business Analyst de province veut travailler en RP, il est en concurrence avec les profils parisiens, et il est très rare qu’il puisse obtenir des dédommagements  pour ses déplacements.

Il est donc judicieux, si vous voulez vous lancer en tant que Business Analyst en province, d’analyser les besoins locaux et de vérifier l’adéquation avec votre profil. Vous pouvez aussi envisager de faire une formation sur des technologies ou logiciels pour lesquels il y a peu de consultants disponibles en local (attention, les formations dispensées par les éditeurs – type SAP, Oracle, Microsoft, IBM – sont très chères).

Critère n°5 : la durée de la mission (pour les indépendants)

La durée de la mission n’a pas d’impact sur la rémunération des Business Analysts salariés. Ils sont de toute façon tout le temps très occupés et n’ont pas souvent des périodes d’inter-contrats.

Par contre, un freelance peut accepter de baisser son TJM si la mission est de longue durée. C’est une décision individuelle et non une règle, mais il est tout de même fréquent de l’appliquer. Qu’appelle-t-on une mission de longue durée? En ce qui me concerne, elle doit dépasser 1 an, mais cela dépend vraiment de la région et du nombre de missions disponibles.

Et le diplôme ?

Avez-vous noté que je n’ai pas mentionné le diplôme? Eh oui, le Business Analyst est souvent autodidacte et la demande est suffisamment forte pour que cela ne soit pas un critère majeur de rémunération! (Vous pouvez consulter cette page pour en savoir plus sur les certifications).

Cependant, la “norme” est souvent Bac+4 / Bac +5, quel que soit le type de diplôme, bien que ceux des écoles de commerce, de management et d’ingénieurs soient les plus fréquents. Passés les freins à l’embauche, la porte est également largement ouverte aux Bac+3, sans impact sur le salaire (ou presque), et aucun sur le TJM.

Pour faire la différence : la maîtrise des bonnes pratiques de la profession

Un Business Analyst est en général rémunéré comme un chef de projet, voire – et souvent fréquemment – plus cher.

Cependant, sachez qu’un Business Analyst expérimenté et reconnu peut déjouer tous les pronostics de rémunération / TJM : le client qui veut sécuriser des projets délicats acceptera de le payer au-delà de ce qui a été prévu initialement dans son budget.

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Alice Svadchii
Alice Svadchii
Auteure du blog et Business Analyst enthousiaste
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Alice Svadchii

Alice Svadchii

Formatrice, coach, conférencière et productrice de contenus enthousiaste !

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