Comment augmenter durablement sa productivité (et ce n’est pas ce que vous croyez)

Celles et ceux d’entre vous qui pensent que je vais leur parler de la semaine de 35h, leur donner des astuces pour se concentrer, réduire le nombre de réunions improductives, mettre en place du Lean management ou de quelque chose de ce genre vont être déçus.

Il y existe déjà des milliers d’articles, de livres et de formations ou autres MBA qui vous expliqueront cela mieux que moi.

Alors quoi d’autre ? Comment améliorer la productivité des collaborateurs et en conséquence, de leur entreprise ? Doit-on attribuer davantage de primes sur objectifs ? Glorifier et promouvoir la promotion interne ? Distribuer des stock-options ou des dividendes ?  Je ne dis pas que cela ne vous fera pas plaisir de recevoir une grosse augmentation de salaire, mais malheureusement, cela reste une incitation très à la marge pour augmenter durablement la productivité des collaborateurs.

Parfois même, c’est l’inverse qui se produit, quand cela provoque des frustrations auprès de ceux qui n’ont pas reçu le même traitement financier, ou quand les écarts de rémunération entre les cadres dirigeants et les employés s’avèrent trop importants.

Non, je préfère vous parler d’un levier extrêmement puissant et durable, que tout le monde peut utiliser et surtout, créer. J’ai nommé…

Le bonheur

« Le bonheur, ce n’est pas de croire que nous n’avons pas besoin de changer ; c’est prendre conscience que nous pouvons le faire. »

Le bonheur, c’est la joie que nous ressentons quand nous nous efforçons de réaliser notre potentiel.

Cela fait de nombreuses années que des recherches scientifiques sont menées sur ce thème, notamment sur l’impulsion de Tal Ben-Shahar. Vous connaissez peut-être son nom : ni gourou ni marchand de rêve, cet enseignant-chercheur-conférencier à Harvard a attiré dans ses cours un nombre record d’étudiants. Il travaille également avec les plus grandes entreprises internationales pour les aider à répandre la culture de l’optimisme et du bonheur, et ainsi à améliorer leur productivité.

Tout d’abord, commençons par quelques faits et chiffres intéressants.

Une impressionnante méta-analyse des travaux réalisés sur le bonheur a permis de faire la synthèse des résultats de plus de 200 études scientifiques portant sur près de 275,000 personnes. Elle a conclu que le bonheur mène à la réussite dans presque toutes les sphères de notre existence, qu’il s’agisse du couple, de la santé, des relations amicales, de la participation à la vie de la communauté, de la créativité ou, plus spécialement, de notre emploi, de notre carrière, et de notre entreprise.

Les données montrent que des salariés heureux sont plus productifs, réalisent davantage de ventes, font de meilleurs dirigeants, sont mieux classés dans les tests d’évaluation de résultats et mieux rémunérés. Ils jouissent également d’une plus grande sécurité de l’emploi et risquent moins de prendre des congés maladie, de démissionner ou de connaître l’épuisement. Des P-DG épanouis ont plus de chances de diriger des équipes heureuses et en bonne santé, convaincus que l’ambiance de l’entreprise favorise la performance optimale.

L’œuf ou la poule

A ce stade, vous vous dîtes peut-être : et si nous étions heureux parce que nous sommes plus productifs et percevons un meilleur salaire ? Si le bonheur n’était que la conséquence du succès, le credo si largement répandu dans les entreprises et les écoles serait exact : concentrons-nous sur la productivité et les performances quantitatives, nous finirons par mieux réussir, moyennant quoi nous serons plus heureux. Néanmoins, intuitivement ou empiriquement, vous sentez bien que quelque chose « cloche », dans cette assertion…

De nombreuses études scientifiques permettent réellement de trancher en faveur de l’œuf. Car oui, le bonheur peut améliorer notre état de santé, ce qui nous permet de travailler plus vite et plus longtemps et multiplie par là même nos chances de réussite.

Les salariés heureux sont davantage résistants aux maladies. Dans une enquête, les chercheurs ont donné à des volontaires un questionnaire destiné à mesurer leur niveau de bonheur, puis leur ont injecté une souche du virus du rhume. Une semaine plus tard, les plus heureux avant le début de l’expérience avaient combattu le virus bien mieux que les autres. Ce n’est pas uniquement qu’ils se sentaient mieux ; ils présentaient réellement moins de symptômes objectifs de la maladie – éternuements, toux, inflammation et congestion.

Quelles conclusions faut-il en tirer ?

Les entreprises qui prennent des mesures pour entretenir la bonne humeur sur le lieu de travail auront non seulement un personnel plus productif et efficace, mais elles souffriront aussi moins de l’absentéisme et réduiront leurs dépenses de santé.

Car le coût de l’absentéisme en France est colossal : aux salaires versés aux absents, on doit également ajouter le temps passé par les autres salariés à compenser les dysfonctionnements induits et à l’achat de « services externes non prévus ». Cela représente un coût moyen de 4059 euros par an et par salarié. Si vous multipliez ce coût unitaire par les 26.6 millions de salariés du privé et du public, vous atteignez la somme effarante de 107,9 milliards d’euros par an (source : Institut Sapiens, « Le coût caché de l’absentéisme au travail : 108 milliards € »).

Des « formateurs en bonheur » sont intervenus auprès des salariés de KPMG. Des tests effectués après les formations ont prouvé que les employés étaient nettement plus détendus, heureux et optimistes dès qu’ils appliquaient les sept principes enseignés pour créer et entretenir le sentiment de bonheur personnel et collectif (les managers étaient bien entendu également formés).

Le taux de satisfaction dans la vie, qui est l’un des indicateurs essentiels de productivité et de performance dans l’entreprise, s’était nettement amélioré pour eux.

Mais… bien souvent, détenir la connaissance ne suffit pas pour modifier notre comportement ni pour provoquer un changement réel et durable. Il faut pratiquer chaque jour, et comme le dit Tal Ben-Shahar lui-même lorsqu’il débute ses cours : « La dernière chose que je voudrais vous voir penser, c’est que je suis constamment heureux et que vous le serez aussi à la fin de ce cours ».

Et puis il y a les opposants systématiques et les sceptiques prêts à admettre que le bonheur peut rendre le travail plus agréable, mais réfractaires à l’idée qu’il puisse nous donner un avantage concurrentiel réel et mesurable. Certains pensent que se focaliser sur le bonheur dans un cadre professionnel sérieux est anormal ou constitue une perte de temps et d’énergie, ou encore que l’encouragement et la reconnaissance devraient servir de récompenses pour l’excellence et non d’outils pour la susciter. Il est vrai également que même si la pensée positive n’est pas naturelle à tout le monde, tout le monde peut apprendre à la créer.

« Un banquier londonien à qui je faisais part d’une idée sur la manière d’insuffler un peu de positivité dans son entreprise m‘a répondu : « Géniale, votre idée, mais je ne la mettrai pas en pratique ». Pour aider ces individus à tirer profit de l’atout bonheur, je leur recommande souvent de garder un chiffre présent à l’esprit : 2,9013 (…). Fondé sur la modélisation mathématique de Losada, 2,9013 représente le ratio interactions positives / interactions négatives nécessaires pour qu’une équipe réussisse. Cela signifie qu’il faut trois commentaires, expériences ou expressions positifs pour contrer les effets démoralisants d’une remarque négative. Ce seuil de basculement est connu à présent sous le nom de ligne de Losada. »

Shawn Achor

Alors bien entendu, le sentiment de bonheur seul n’est pas la clé de la réussite et de la productivité. Mais pensez-y avant d’utiliser des leviers classiques qui ont fait la preuve de leur inefficacité…

Post-Scriptum pour les lecteurs Business Analysts : avez-vous identifié la force que l’état d’esprit positif peut avoir sur votre travail ? Ainsi que sur la collaboration avec les contributeurs de vos projets, notamment ceux réputés « difficiles » ?…

Source : « Comment devenir un optimiste contagieux » de Shawn Achor. Inutile de dire à quel point je vous conseille la lecture de cet ouvrage… Vous y découvrirez, outre l’atout bonheur expliqué et argumenté, les 6 autres leviers à développer pour devenir optimiste (même et surtout si vous êtes sceptique ou que vous pensez que ça n’est pas pour vous !)

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Alice Svadchii
Alice Svadchii
Auteure du blog et Business Analyst enthousiaste
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Alice Svadchii

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Formatrice, coach, conférencière et productrice de contenus enthousiaste !

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