Lors d’une transition de carrière, certains professionnels identifient les rôles de Scrum Master et de Business Analyst comme des potentialités de reconversion. Je vous avoue que je suis toujours un peu perplexe lorsqu’on me demande si l’un est mieux que l’autre, car ce sont deux rôles bien différents. Dans cet article, j’ai donc choisi de vous expliquer ce qui les différencie, mais également les points de convergence qui font qu’un Business Analyst peut choisir, à un moment de son parcours, de devenir Scrum Master.
Le rôle du Scrum Master est défini dans le cadre de la méthodologie agile Scrum.
Celui-ci n’a donc de sens que dans un contexte de gestion de projet agile. Si vous n’êtes pas familier/ère avec la gestion de projet, retenez qu’il y a 2 méthodes principales : l’approche traditionnelle, avec entre autres les modèles de gestion de projet cycle en V / en cascade (« waterfall », en anglais), et l’approche agile, SCRUM étant la méthode agile la plus répandue dans le monde.
Les principes et les responsabilités du Scrum Master sont formalisés dans le Scrum Guide, qui est le document de référence officiel pour Scrum. Le Scrum Guide a été rédigé par les co-créateurs de Scrum, Ken Schwaber et Jeff Sutherland, et il est régulièrement mis à jour pour refléter les meilleures pratiques et les évolutions de Scrum.
Le Scrum Guide décrit en détail les rôles, les événements et les artefacts de Scrum, y compris le rôle du Scrum Master. Pour celles et ceux d’entre vous qui ne connaissent pas Scrum, sachez que seulement 3 rôles y sont définis : le Product Owner, le Scrum Master, et la Scrum development team.
Habituellement, quand on essaie de positionner un Business Analyst dans une équipe agile, étant donné que son rôle n’a pas été défini formellement, il est soit Product Owner (PO), soit en assistance du PO, soit il fait partie de la Scrum Development team, aux côtés notamment des développeurs, architectes et testeurs.
Le Scrum Guide : le guide de référence SCRUM
Le Scrum Master ne fait habituellement pas partie des rôles incarnés par le Business Analyst. Alors, me direz-vous, pourquoi certaines personnes hésitent-elles entre devenir Business Analyst et Scrum Master ? Et en effet, lorsqu’on s’attarde sur la manière dont le Scrum Guide définit le rôle du Scrum Master, on perçoit assez clairement la différence de responsabilité entre celui-ci et un Business Analyst.
Voici quelques extraits qui mettent en lumière les responsabilités du Scrum Master :
- Facilitation des cérémonies Scrum, élimination des obstacles, coaching de l’équipe, promotion de la transparence et de la responsabilité, et protection de l’équipe contre les perturbations.
- Serviteur-leader : le Scrum Guide décrit le Scrum Master comme un “serviteur-leader” qui travaille au service de l’équipe et de l’organisation. Celui-ci est à la fois un facilitateur qui aide l’équipe à suivre Scrum et un leader qui favorise l’amélioration continue.
- Coach agile : le Scrum Master est également chargé de coacher l’équipe et l’Organisation dans l’adoption des valeurs et des principes agiles.
- Responsabilité envers l’organisation : enfin, le Scrum Master a également une responsabilité envers l’Organisation pour l’aider à comprendre et à soutenir la mise en œuvre de Scrum. Charge à lui, dans cette optique, de créer un environnement favorable à la réussite de l’équipe projet.
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Le rôle et le périmètre d’intervention du Scrum Master
Un Scrum Master est donc un rôle clé dans le cadre de la méthodologie agile Scrum. Le Scrum Master n’est pas un gestionnaire de projet traditionnel, mais plutôt un facilitateur et un coach qui aide une équipe à adopter et à mettre en œuvre les principes et les pratiques de Scrum de manière efficace.
Si nous reprenons le Scrum Guide et que nous l’appliquons à son quotidien sur le terrain, voici un aperçu de ses principales responsabilités et fonctions :
- Facilitation des cérémonies Scrum : le Scrum Master organise et facilite les réunions Scrum, en veillant à ce que ces cérémonies soient structurées et productives.
- Élimination des obstacles : en tant que facilitateur, le Scrum Master travaille activement à résoudre les obstacles et les problèmes qui entravent le travail de l’équipe. Par exemple en mettant en place la coordination avec d’autres équipes, en communiquant avec les parties prenantes ou en recherchant de solutions aux problèmes techniques.
- Coaching de l’équipe : en tant que coach pour l’équipe Scrum, le SM aide celle-ci à comprendre et à mettre en pratique les principes agiles, à améliorer le processus de travail et à atteindre ses objectifs de sprint.
- Promotion de l’agilité : pas évident de travailler de manière agile en entreprise, où on confond souvent cette approche avec rapidité et documentation réduite au minimum (voire à zéro). Le Scrum Master favorise donc la culture agile au sein de l’organisation en encourageant la collaboration, la transparence et l’adaptabilité. Il aide l’Organisation à comprendre les avantages de l’agilité et à adopter ces principes.
- Protection de l’équipe : face aux interruptions et aux pressions excessives venues de l’extérieur, il y a un bouclier : c’est le Scrum Master ! Celui-ci veille à ce que l’équipe puisse se concentrer sur la livraison de fonctionnalités de valeur pendant le sprint.
- Mesure et amélioration continue : celle-ci fait intégralement partie de SCRUM et de l’agilité en général. A ce titre, le Scrum Master encourage l’équipe à mesurer ses performances et à rechercher des moyens de s’améliorer continuellement. Cela peut se faire à travers des rétrospectives de sprint où l’équipe examine ce qui a bien fonctionné et ce qui peut être amélioré.
- Communication et coordination : une autre grosse responsabilité du Scrum Master est de veiller à ce que l’information circule librement et que toutes les parties prenantes soient informées de l’avancement du projet. Dans cet objectif, le SM facilite la communication entre les membres de l’équipe et les parties prenantes externes.
- Mentorat et développement : enfin, en raison de la dimension collaborative et d’autogestion de l’équipe Scrum, il n’y a pas – comme dans les organisations traditionnelles de gestion de projet – de figure hiérarchique à laquelle les membres de l’équipe peuvent s’adresser pour évoluer et monter en compétence. C’est donc au Scrum Master, en tant que facilitateur, d’aider les membres de l’équipe à se développer professionnellement en les encourageant à acquérir de nouvelles compétences et en les soutenant dans leur croissance.
Notez que le Scrum Master ne dirige pas la Scrum team et ne prend pas non plus de décisions à sa place. Son rôle est d’aider l’équipe à s’organiser et à travailler de manière autonome, en suivant les principes agiles de Scrum.
En substance, retenons que le Scrum Master est un rôle spécifique aux gestions de projet agiles et que dans ce cadre précis, il a essentiellement un rôle de facilitateur et de coach auprès de l’équipe Scrum, dont il n’est pas « le chef », et qui n’a pas de responsabilité de prise de décision.
Le Business Analyst, ce couteau suisse
De son côté, le Business Analyst (BA) intervient dans divers contextes professionnels pour aider les organisations à identifier, analyser et résoudre des problèmes métier, à améliorer leurs processus et à prendre des décisions éclairées. C’est aussi à lui de concevoir en détail la solution cible – en l’occurrence, dans les projets informatiques, il réalise la conception fonctionnelle et vérifie que le logiciel codé répond aux besoins métiers et aux objectifs de l’organisation.
Le Business Analyst n’est pas un rôle agile, il n’est même pas défini dans le Scrum Guide.
Bien qu’il intervienne quelle que soit la méthodologie de projet adoptée (cycle en V, en cascade, modèle en spirale, agile etc.), son rôle et son organisation du travail peuvent différer considérablement selon les contextes projets, la taille de l’entreprise, son organisation interne, ses processus, et son secteur d’activité.
Vous trouverez sur ce site ainsi que sur ma chaîne YouTube toutes les ressources nécessaires à la compréhension exhaustive du métier de Business Analyst.
En synthèse, un Business Analyst a un très vaste périmètre d’action, comprenant entre autres (eh oui, la liste est longue … l’effet « couteau suisse du BA » !):
- Compréhension des besoins métier, en passant par l’identification minutieuse et l’engagement des parties prenantes.
- Analyse des processus métier existants pour identifier les problèmes, les lacunes et les opportunités d’amélioration.
- Collecte et documentation des exigences, ce qui signifie recueillir, documenter et organiser les exigences fonctionnelles, non fonctionnelles et de transition du logiciel cible.
- Élaboration des spécifications fonctionnelles et des documents de conception en collaboration avec les parties prenantes.
- Analyse et modélisation des données et informations recueillies pour identifier des tendances, des modèles et des insights. Cela passe notamment par l’utilisation des outils de modélisation tels que les diagrammes de flux, les diagrammes de cas d’utilisation et les diagrammes de séquence pour représenter les processus et les exigences.
- Communication et facilitation : le Business Analyst joue également le rôle de facilitateur lors des réunions et les ateliers avec les parties prenantes pour discuter des exigences, résoudre les problèmes et prendre des décisions.
- Gestion des changements : le BA évalue l’impact des changements sur les processus, les systèmes et les parties prenantes, et recommande des ajustements en conséquence.
- Gérer les demandes de changement (Change Requests) tout au long du cycle de vie du projet.
- Soutien au développement et aux tests : le BA intervient à la demande de l’équipe de développement pour s’assurer que les solutions logicielles codées répondent aux exigences.
- Participation à la définition des critères d’acceptation et à la planification des tests.
- Évaluation des risques métiers potentiels, et recommandation des mesures d’atténuation ou de suppression des risques métiers identifiés.
- Gestion de produit : dans le cas où le Business Analyst a le rôle de Product Owner, comme évoqué précédemment dans les 3 rôles SCRUM.
- Etroite collaboration avec les Product Owners qu’il assiste ou non, et les chefs de projet pour s’assurer que le projet atteint ses objectifs.
- Formation et support aux utilisateurs finaux pour s’assurer qu’ils comprennent et utilisent correctement les solutions mises en œuvre.
- Amélioration continue : que ce soit en participant aux rétrospectives de projet dans les approches agiles, ou de manière plus générale quelle que soit la méthodologie projet utilisée, afin d’identifier des opportunités d’amélioration des processus et des pratiques.
- Conformité réglementaire : le Business Analyst doit également s’assurer que les solutions développées respectent les normes et les réglementations applicables dans le domaine d’activité.
- Évaluation de la rentabilité : enfin, le BA évalue les coûts et les avantages des solutions proposées pour aider à prendre des décisions éclairées, au travers d’un document appelé le Business Case.
Cette longue liste à la Prévert est impressionnante, mais un Business Analyst ne réalise pas tout le temps l’intégralité des activités que je viens de vous mentionner.
Il est la plupart du temps mandaté pour une partie de ces responsabilités, selon les besoins et capacités du projet et de l’équipe. Parfois, il peut effectivement tout faire, notamment sur les petits projets où son rôle polyvalent de couteau suisse prend tout son sens (y compris dans la gestion de projet, où on le retrouve sous l’étiquette de « chef de projet MOA »).
Un Business Analyst peut-il devenir Scrum Master ?
Maintenant que nous identifions bien qui fait quoi et dans quel contexte, une réponse à cette question se dessine.
Tout d’abord, j’espère que vous avez noté à quel point ces deux rôles sont différents : si vous êtes en reconversion, j’espère que cet article vous aura aidé à choisir celui qui fait davantage battre votre cœur.
Dans les deux cas, je pense que c’est presque une vocation, en tout cas une forte appétence, car BA comme SM ont pour ADN de servir les équipes, les utilisateurs, d’améliorer les processus et le travail des collaborateurs. La satisfaction de ces derniers, tout comme l’implication dans l’optimisation de la chaîne de valeur de l’Organisation, font partie des buts à atteindre. Il ne s’agit pas uniquement d’effectuer des tâches les unes à la suite des autres.
Les personnes qui aspirent à devenir Scrum Masters ont évidemment toutes leurs raisons qui peuvent varier en fonction de leurs objectifs personnels et professionnels.
Business Analyst ou autre professionnel en processus de reconversion, voici ce qui peut vous pousser à vouloir devenir Scrum Master – vous reconnaissez-vous ? :
- Une passion pour l’agilité : eh oui, certaines personnes sont passionnées par les principes et les valeurs de l’agilité, notamment après avoir expérimenté sans grand plaisir les organisations traditionnelles pyramidales.
- L’amélioration de la productivité : j’ai déjà coaché des personnes qui se sentaient très frustrées par le manque de productivité de leur équipe ou de leur entreprise. Or, les Scrum Masters sont chargés de créer un environnement de travail favorisant la productivité et la livraison de produits de haute qualité, ce qui peut être attractif pour certains d’entre vous.
- Le développement personnel : devenir Scrum Master peut être une opportunité de développement personnel. Ce rôle implique en effet souvent la résolution de problèmes humains, la communication efficace et non violente, la gestion des conflits et le coaching.
- L’impact positif : combien d’entre vous sont lassés par leur métier, faute de pouvoir impacter positivement leur entreprise, les gens, la société, le monde ? Cette quête de sens et d’utilité est loin d’être anecdotique, comment m’en témoignent très souvent les personnes que je coache.
Les Scrum Masters ont la possibilité d’avoir un impact positif sur leur équipe et leur organisation en aidant à éliminer les obstacles, à créer une culture de collaboration et à encourager l’amélioration continue. Cela peut être gratifiant pour ceux qui cherchent à apporter une contribution significative autour d’eux.
- Une reconversion professionnelle plus douce : pour celles et ceux d’entre vous en cours de transition de carrière vers l’agilité et le développement logiciel, devenir Scrum Master peut être une première étape vers une carrière dans la gestion de projet agile ou la direction d’équipe.
- Satisfaction personnelle : en lien avec l’impact positif, le fait de contribuer à la réussite de l’équipe et de voir les progrès accomplis peut procurer une grande satisfaction personnelle.
Et vous, quel rôle préférez-vous : Business Analyst ou Scrum Master ? Avez-vous passé le cap pour devenir BA ou SM ? Vos commentaires et retours d’expérience sont les bienvenus !