La créativité est l’une des compétences clés du Business Analyst, en particulier lorsqu’il ou elle intervient en amont de projet. C’est en effet là qu’on le sollicite pour proposer et concevoir des solutions en réponse à une problématique. Alors, que faire quand on est davantage habitué à exécuter des procédures et qu’on a oublié à quel point nous étions créatifs étant enfants? Naît-on créatif ou peut-on acquérir cette compétence ? La source d’inspiration semble être un mystère… sauf pour Andrew Razeghi qui nous propose dans son livre « The Riddle : Where Ideas Come From and How To Have Better Ones » d’examiner les ressorts des “moments Euréka”.

Dans cet article, je vous propose de découvrir la méthode d’Andrew Razeghi pour trouver de nouvelles idées. A votre tour, ensuite, d’utiliser ses « 5 C »  pour inspirer l’innovation sur tous vos projets !

La capacité d’innovation des entreprises dépend de la créativité des gens, de leur capacité à trouver la prochaine grande nouveauté, mais la source d’inspiration créative reste encore très floue. On entend parler de prédominance du cerveau gauche ou du cerveau droit, mais est-ce réellement la vérité ? Est-ce qu’en réalité, la créativité ne serait pas quelque chose que tout le monde pourrait apprendre tout au long de sa vie?

Si vous interrogez des gens dans la rue, vous verrez que chacun a son opinion sur la définition de la créativité. Certains l’assimilent aux activités artistiques, telles que le chant, la danse, ou les beaux-arts.

D’autres évoquent le nom d’Albert Einstein, et se réfèrent aux grandes découvertes scientifiques, tandis que pour les derniers, enfin, la créativité est avant tout conceptuelle et économique.

Aussi, quand on parle de créativité, est-il important de distinguer si on parle d’art, de sciences et de concept.

 

La créativité : avec ou sans but à atteindre ?

Avez-vous remarqué comme on parle souvent d’innovations qui ont « échoué » ? Comme si, tout effort créatif étant, au niveau de l’inconscient collectif, associé à l’art, une innovation devait systématiquement être artistique.

Or, dans le domaine économique, si un produit innovant ne marche pas, c’est généralement parce qu’il est trop spécifique – trop créatif en quelque sorte – mais qu’il ne répond pas fondamentalement à un problème posé. En quelque sorte, on peut dire que ce produit innovant n’est pas un concept complet et abouti.

Andrew Razeghi fait donc vraiment la distinction entre ces trois types de créativité.

  • L’art, c’est en quelque sorte « l’art pour l’art ». Le David de Michel-Ange n’a pas pour objectif de résoudre un problème, il a juste pour vocation à être admiré pour ce qu’il est.
  • De son côté, la découverte scientifique n’est que le résultat de la recherche de la vérité. Il s’agit ici d’être créatif pour comprendre pourquoi les choses fonctionnent comme elles le font, mais il ne s’agit pas vraiment de créer quelque chose de totalement nouveau.
  • En revanche, la créativité conceptuelle est au cœur du monde économique : elle permet de créer des solutions uniques et appropriées aux problèmes concrets du monde.

 

Créativité conceptuelle et aptitudes innées

Quand on se demande si la créativité conceptuelle est un don inné, Andrew Razeghi pense immédiatement au leadership. Parce que, finalement, est-ce que vous savez si les leaders naissent déjà avec cette capacité en eux ? Est-ce que certaines personnes auraient un avantage de leadership ou de créativité sur les autres ?

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Pablo Picasso a dit un jour : “Nous sommes tous des artistes nés, et le plus grand défi que nous ayons à relever est de le rester en vieillissant”.

Regardez les enfants : ils sont étonnamment doués pour la résolution créative de problèmes. Et vous savez pourquoi ? Parce qu’ils ne connaissent pas encore les règles du jeu qui empêchent les adultes que nous sommes à penser au-delà des limites établies.

 

Cerveau droite vs. cerveau gauche

Ces dernières années, nous en avons beaucoup appris sur le fonctionnement et la structure du cerveau. Beaucoup de gens savent que le cerveau est composé de deux hémisphères droit et gauche. Mais il y a également une troisième zone appelée le corps calleux, qui est, entre autres choses, responsable de la communication entre les deux hémisphères.

Et ce que nous savons, c’est que chez certains individus, cette zone du cerveau est un peu plus grande, un peu plus épaisse que chez d’autres. Cela pourrait corroborer l’hypothèse que certaines personnes ont une capacité créative innée, un « don biologique » en quelque sorte. Ce corps calleux permet une meilleure connectivité entre les deux hémisphères : il génère une sorte de logique ou de perspicacité créative, qui fait que ces personnes-là auraient une certaine aptitude naturelle à la créativité.

Par exemple, nous savons que le cerveau d’Albert Einstein était « hyperconnecté ». Non seulement il était indubitablement un esprit brillant, mais il avait également un « don biologique » lié à la physiologie même de son cerveau.

 

L’hémisphère gauche est aussi impliqué dans le processus créatif

La recherche, au fil des ans, a démontré qu’il y a différentes fonctions dans le cerveau et que ces différentes fonctions entrent en résonance dans des aires cérébrales spécifiques.

C’est ce qui a conduit à l’émergence de la théorie hémisphérique, selon laquelle l’hémisphère gauche serait plutôt impliqué dans les capacités analytiques et l’hémisphère droit dans les tâches créatives.

Mais dans les faits, il y a un dialogue constant entre les deux hémisphères du cerveau et chacun d’eux joue un rôle dans le résultat final. Quand vous êtes en plein processus créatif, cela ne signifie pas que l’hémisphère gauche ne travaille pas pendant ce temps. En réalité, le cerveau droit lui pose plein de « questions » : « Est-ce que cette idée est pertinente ? Est-elle réalisable ? Est-ce que c’est cohérent avec les informations que j’ai apprises auparavant ? ». Et vice-versa dans le cas d’une réflexion analytique du cerveau gauche, qui sollicite en réalité les deux hémisphères.

Il y a donc une constante interaction, et ce qui est fascinant, c’est que nous pouvons maintenant en être témoins grâce aux IRM pratiquées sur des personnes en cours de résolution de problèmes.

L’IRM permet d’observer le flux sanguin et la transmission synaptique dans le cerveau. La carte ainsi obtenue permet d’observer le fameux moment « Ha Ha ! » à l’instant même où il se produit.

C’est ainsi que les neuroscientifiques ont pu être les témoins privilégiés du processus créatif et constater que, même s’il y a une prédominance de l’hémisphère droit, le cerveau tout entier est impliqué.

Andrew Razeghi insiste largement sur ce point dans son ouvrage, car il a constaté que bien des gens abandonnent avant de commencer, pensant qu’ils ne sont naturellement pas « câblés » pour la créativité ou pour la logique.

 

L’innovation ne naît pas nécessairement de nouvelles idées

Plusieurs études convergent vers ce constat que moins de 5% des « nouvelles » idées seraient réellement totalement nouvelles. Elles sont innovantes, certes, mais pas nouvelles, et la route qui a conduit à leur conceptualisation a en général déjà été empruntée auparavant sans succès par de nombreuses personnes ou entreprises.

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Les exemples se comptent à foison dans l’Histoire : de l’appareil photo 35mm de Canon inspiré par le fabricant allemand Leica, à la carte American Express qui a réutilisé et amélioré l’idée de la société Diners Club. Toutes ces innovations sont la plupart du temps basées sur une idée originale infructueuse qui a été améliorée jusqu’à ce que le concept finisse par fonctionner.

En matière de créativité conceptuelle, le conseil que donne Andrew Razeghi est donc de réutiliser et de recombiner entre elles des idées existantes et non pas de tenter de créer quelque chose qui n’a jamais existé auparavant.

 

Les 5 « C » de la perspicacité créative

Selon Andrew Razeghi, les facteurs pour développer une perspicacité créative sont au nombre de 5 – que l’on peut résumer par les « 5 C »:

  • La curiosité,
  • Les contraintes,
  • Les connexions,
  • Les conventions
  • Et les codes.

 

C pour Curiosité

La curiosité est vraiment la mère de l’invention, avoir un intérêt dans un problème permet d’enclencher le processus créatif.

Il n’est pas vraiment possible de créer un intérêt factice dans un domaine où vous n’avez pas fondamentalement d’attraction ni de passion. Pour être créatif, commencez donc par examiner les sujets qui vous intéressent vraiment, puis interrogez-vous :

Pourquoi y a-t-il tel ou tel problème ? Quelle a été l’évolution du contexte autour de ce problème ? Quelles ont été les implications de telle ou telle situation ?

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La curiosité démarre sur le postulat que la thématique ou le problème initial vous intéresse, puis en vous demandant ce que vous aimeriez particulièrement résoudre ou améliorer.

 

C pour Contrainte

Vous connaissez ce fameux débat selon lequel on ne peut être créatif que si on a du temps et de l’argent ? C’est certainement partiellement exact : si vous voulez envoyer un homme sur la Lune, vous devez avoir le loisir d’y réfléchir et le budget suffisant à consacrer à la Recherche et Développement, à la fabrication de la fusée etc.

Mais si l’on considère la créativité comme étant une solution unique et personnalisée en réponse à un problème, cela conduit à cet adage selon lequel la nécessité est la mère de l’invention.

Regardez d’où proviennent la plupart des innovations dans le domaine de la gestion de l’eau : elles émanent de pays où l’approvisionnement en eau potable est une réelle difficulté. En Israël par exemple, la Société Netafim a créé de nombreux concepts et produits totalement innovants, depuis les systèmes d’irrigation au goutte-à-goutte, aux toilettes à faible rendement, etc.

Le conseil d’Andrew Razeghi est donc de partir du postulat de base que vous n’avez pas de temps, pas d’argent, et pas de ressources. Dans ce cas, que feriez-vous pour résoudre le problème ?

Partir de cette mise en situation imaginaire (ou non) est souvent le déclencheur de nouvelles idées.

 

C pour Connexion

C’est à Henry Ford que l’on attribue l’invention de la chaîne de montage, et c’est en partie vrai car c’est lui qui a effectivement introduit ce type de fabrication dans l’industrie automobile.

Mais son véritable moment « Eurêka » a été de connecter entre elles des idées qui n’avaient pas de rapport ni entre elles, ni avec l’industrie automobile.

Il a tout d’abord emprunté la notion de chaîne d’assemblage au district de conditionnement de la viande de Chicago. Chicago était en effet la capitale mondiale de la viande depuis de nombreuses années, et Henry Ford s’est demandé comment il pourrait réutiliser les chaînes de découpage de viande qui fonctionnaient très bien. Pourquoi ne pas les utiliser à l’envers et à la place, assembler des voitures ?

Il a combiné cette idée avec une autre idée déjà existante et opérationnelle qui concernait cette fois-ci les pièces détachées interchangeables. En 1801, Eli Whitney suggéra que l’armée américaine assemble de nouveaux pistolets à partir de pistolets cassés.

Henri Ford a donc combiné ces deux idées, et il a eu une troisième idée : la production en flux continu. Et celle-ci n’était pas non plus son idée, puisqu’elle a été empruntée à l’industrie du tabac à la fin des années 1880 pour fabriquer des cigarettes.

Quand on parle de connexion, il s’agit donc de cela : combiner des idées déjà existantes qui, a priori, n’ont aucun lien entre elles ni avec le problème que l’on souhaite résoudre.

 

C pour Convention

Les conventions sont ces croyances qui se forment dans notre esprit sur ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas. Or, comme le monde change, bien souvent ces règles ne sont plus pertinentes mais nous continuons de les utiliser sans – parfois – trop savoir pourquoi.

En 1943, la plupart des gens ne voyaient pas l’intérêt d’avoir un ordinateur chez eux. Au cours des décennies qui ont suivi, de nombreuses personnalités publiques ont tourné en ridicule l’idée d’avoir un ordinateur personnel. La raison de l’époque était légitime, car l’ordinateur était dans ce temps une gigantesque machine qui occupait une pièce entière.

C’était une convention, une croyance tellement ancrée sur ce qu’était un ordinateur en 1943 que pendant les décennies qui ont suivi, peu sont ceux qui ont été en mesure d’en percevoir le fabuleux potentiel.

Ce que nous constatons, c’est que les innovateurs et les entrepreneurs remettent en question ces croyances. Ils ne violent pas entièrement les règles du jeu, mais les contournent juste un peu.

En matière de créativité, remettre en question les croyances est une réelle source d’inspiration pour créer de nouvelles idées. L’exercice à mener consiste donc simplement à formuler explicitement nos convictions sur un produit donné, puis à se demander si ces croyances sont réellement encore fondées.

Pour reprendre l’exemple de l’ordinateur, si vous regardez votre ordinateur portable et que vous demandez ce que sont les conventions qui le concernent, vous pourriez dire par exemple ceci :

  • Il a besoin d’un clavier pour fonctionner
  • Il doit être branché à un mur
  • Il doit se replier vers l’avant
  • Etc

Mais que se passerait-il si finalement, il n’y avait pas de nécessité d’avoir un clavier pour fonctionner, et qu’on utilisait des commandes vocales ou tactiles ?

Briser les convention est un exercice peu habituel, mais auquel les personnes qui s’y prêtent adorent se plier, car elles se rendent compte qu’il n’y a plus de limite à leur créativité.

 

C pour Code

A la fin de ses recherches, Andrew Razeghi s’est demandé pourquoi l’inconscient collectif a tendance à percevoir certains entrepreneurs et certaines entreprises voire certains artistes comme perpétuellement et intrinsèquement innovants.

Il a donc commencé à les étudier, en passant de Sir Richard Branson (Virgin), Ted Turner et bien d’autres.

Il a fini par identifier le point commun qui les unit toutes et tous : c’est en quelque sorte un « algorithme », un ADN qui dicte leur inspiration créative, leur développement, et leurs investissements.

Pour développer votre perspicacité créative, vous pouvez vous aussi utiliser cette formule, ce code créatif qui s’applique à n’importe quel secteur et qui permet de générer non pas une idée, mais de multiples idées innovantes.

(Allez, je sais bien que vous je vous « tease » un peu sur ce dernier point, mais il faut lire le livre d’Andrew Razeghi pour en comprendre les subtilités… )

 

Finalement, être créatif est bien une compétence que l’on peut redécouvrir et développer – même si vous avez la croyance que vous êtes à dominance analytique « cerveau gauche ». On en débat 😉?

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Alice Svadchii
Alice Svadchii
Auteure du blog et Business Analyst enthousiaste
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Alice Svadchii

Alice Svadchii

Formatrice, coach, conférencière et productrice de contenus enthousiaste !

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