Vous avez dit “Business Analyst”?

Si vous avez déjà entendu ou lu ce terme de « Business Analyst » et que vous croyez que : 1) C’est synonyme de contrôleur de gestion, 2) C’est un métier complètement nouveau, 3) C’est une discipline ancienne qui a été formalisée il y a plusieurs décennies, 4) C’est pareil que Data Analyst ou que 5) Tous les Business Analysts IT sont formés, sauf vous.

Alors cet article vous aidera à mieux comprendre pourquoi la seule réponse correcte à toutes ces réponses est « Non ».

Qu’est-ce qu’un Business Analyst?

Le terme de Business Analyst nous vient du monde anglo-saxon. Il est assez récent, ayant été formalisé pour la première fois en 2005 en tant que norme commerciale dans le BABOK® de l’International Institute of Business Analysis (IIBA®).

L’analyse métier (EN business analysis) a pour objectif d’aider les organisations à définir et à implémenter la solution optimale qui leur permettra de résoudre un problème ou de faire face à un besoin d’évolution.

Bien qu’on l’associe le plus souvent aux projets informatiques, le périmètre du Business Analyst est beaucoup plus large. Néanmoins, comme environ 80% des Business Analysts travaillent sur des projets de systèmes d’information, l’amalgame entre Business Analyst (BA) et informatique est relativement fréquent.

On peut répartir les Business Analysts (BA) en 3 grandes catégories :

  • Le BA gouvernance
  • Le BA métier
  • Le BA IT / en systèmes d’information.

 

Business Analyst gouvernance, métier et IT

Les deux premières catégories de Business Analyst ont pour finalité la recommandation, la conception et la mise en œuvre d’une solution non informatique.

 

Le Business Analyst Gouvernance

Le « Business Analyst gouvernance » est sollicité par les cadres dirigeants et les managers pour les assister dans leurs tâches de gouvernance, à savoir d’amélioration et de mesure de la performance, d’aide à la prise de décision, de pilotage d’activités, ou encore de coordination entre parties prenantes. Il est assimilé au consultant en management ou en stratégie – et il a encore bien d’autres synonymes, en fonction de sa spécialisation en matière de gouvernance.

 

Le Business Analyst Métier

Le « Business Analyst métier » est, quant à lui, recherché pour résoudre des problématiques opérationnelles liées à un besoin métier spécifique : cartographie et redéfinition des processus, amélioration continue, conduite du changement, lancement de produit etc. Le BA métier est là pour assister une organisation dans une transition vers un changement purement opérationnel. Si vous recherchez un BA métier dans les offres d’emploi, vous le retrouverez sous d’autres noms, comme consultant en ressources humaines, en logistique, en amélioration des processus, en conduite du changement ou autres fusions-acquisitions. Il est en effet généralement identifié en fonction du besoin métier auquel il va apporter son expertise.

Parfois, la frontière devient poreuse entre le BA métier et le BA gouvernance, car la mise en place d’un changement répond souvent à des besoins à la fois opérationnels et managériaux de gouvernance. C’est l’objectif principal de la mission remplie par le Business Analyst (qu’il soit collaborateur interne ou prestataire externe) qui permettra de le situer dans l’une ou l’autre de ces catégories.

 

Le Business Analyst en Systèmes d’Information (S.I.)…

Enfin, le « Business Analyst en systèmes d’information (S.I.) » a pour cible la recommandation, la conception et la mise en œuvre d’un changement matérialisé par une solution de systèmes d’information. Dans les pays francophones, on le retrouve sous d’autres libellés plus anciens, comme ceux de consultant fonctionnel et d’Assistant à la Maîtrise d’Ouvrage (AMOA), de responsable de qualification fonctionnelle, voire même de chef de projet MOA quand il cumule sa casquette de Business Analyst avec celle de chef de projet, ou encore de Product Owner, quand il est business analyste décisionnaire sur un projet informatique agile.

 

…aussi surnommé Business Analyst “IT”

Dans cette catégorie de « BA IT », on retrouve là aussi de nombreuses spécialisations : en ERP (consultants SAP, JDE & Co), en Business Intelligence (consultant décisionnel / en BI), en PLM et autres CRM, et plus récemment en data sciences (les data analysts, qui ont un profil très technique).

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Le Business Analyst en systèmes d’information n’est donc pas une toute nouvelle espèce de l’écosystème des projets informatiques. En revanche, il apporte beaucoup de plus-value à son ancêtre, le consultant fonctionnel ou AMOA. C’est un peu comme si vous compariez un téléphone cellulaire du début des années 2000 avec le dernier iPhone : c’est la même catégorie, mais on ne peut nier l’évolution qui a accompagné l’essor des derniers smartphones.

Si vous avez l’habitude, dans votre CV, de vous intituler « Consultant fonctionnel / AMOA », ne vous offusquez pas de mes propos… Si ça se trouve, vous êtes en effet déjà Business Analyst en S.I. sans le savoir, ou alors, grâce à la lecture de cet article, vous apprendrez comment faire pour « upgrader » votre expertise.

 

Le marché international des Business Analysts

Tout d’abord, il est utile de prendre un peu de hauteur pour se confronter à ce qui existe ailleurs que chez nous.

Le marché de l’emploi et la formation des Business Analysts est en effet variable selon la maturité des pays. Très arbitrairement (car il n’y a pas d’études sur le sujet, je me base donc sur mes propres recherches ainsi que sur mon expérience), je découperais les pays en 4 groupes, allant de la maturité la plus élevée à la moins élevée en matière « d’awareness » à la business analyse.

 

1er groupe : les pays anglosaxons et anglophones

(e.g. USA, Canada, Australie, Afrique du Sud, Grande-Bretagne, Nouvelle-Zélande et Inde)

Ces pays sont tirés par le dynamisme des schémas de certification, lesquels commencent à imposer leurs standards de qualité aux entreprises cherchant à embaucher des business analysts.

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L’importance de la certification

C’est, en quelque sorte, un peu comme pour le recrutement et la formation des chefs de projets : sans certification PMI ou PRINCE2 (ou tout autre certification), un candidat est « moins recrutable ». La plupart des chefs de projets aspirants ou expérimentés finissent donc par se certifier, avant tout pour améliorer leur taux d’employabilité, et en second lieu, pour acquérir les bonnes pratiques et le vocabulaire du métier.

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Les Business Analysts travaillant dans les pays de ce premier groupe sont donc dans la situation que l’on connaît déjà en France avec les chefs de projets.

Et même si une certification n’est pas le Saint-Graal pour être un « bon » business analyst – on peut être certifié et « mauvais », comme on peut ne pas l’être et être excellent – il est indéniable que cela a poussé à la professionnalisation de notre métier. Dans ces pays, les employeurs et recruteurs savent ce qu’ils peuvent attendre d’un Business Analyst, et ceux-ci connaissent leur discipline et leur périmètre d’intervention.

Un écart de maturité

Si vous comparez cette situation avec ce que nous connaissons encore trop souvent en France – par exemple et au hasard, des DSI qui veulent passer directement au développement logiciel sans avoir analysé les besoins métier, ou qui confondent l’intérêt du cahier des charges et celui du document de cadrage – , vous comprendrez mieux l’écart de maturité que ces pays ont avec nous (les irréductibles Gaulois 😊).

Dans ces pays, la conscience plus élevée de la portée de la Business Analyse a un impact positif sur les recrutements, sur les compétences des Business Analysts, sur les missions qui leur sont confiées, et naturellement, sur la valeur ajoutée et le succès des projets informatiques.

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2ème groupe : les pays d’Europe de l’Est, l’Allemagne, la Suisse, le Luxembourg

Dans ce deuxième groupe, la maturité de la business analyse est en plein essor, également portée par le dynamisme des schémas de certification locaux. Je ne sais pas vraiment pourquoi la mayonnaise a pris plus rapidement là-bas qu’en France, mais le fait est que le marché de l’emploi et de la formation dans ces pays est en avance par rapport à ce que nous connaissons chez nous.

 

3ème groupe : les autres pays Européens (dont la France)

Dans ces pays, dont la France fait partie avec la Belgique – quoique je pense que nos amis belges ont une longueur d’avance sur nous – les formations diplômantes à la Business Analyse se comptent sur les doigts d’une main. Les schémas de certifications sont quant à eux en général inconnus de la plupart des Business Analysts et des recruteurs (sauf en ce qui vous concerne, cher lecteur, puisque vous suivez mon blog…).

Un apprentissage « sur le tas »

Dans cette catégorie de pays, on devient le plus souvent Business Analyst sur le tas.

Si les gros cabinets de conseil aident la montée en compétence de leurs jeunes recrues avec des formations internes et des missions « en squad » – du moins en ce qui concerne les Business Analysts gouvernance et métier dont je vous ai parlé plus haut -, ce n’est pas le cas des Business Analysts en Systèmes d’Informations.

En effet, dans ce 3ème groupe de pays, les Business Analysts IT sont en général livrés à eux-mêmes, traînant leur syndrome de l’imposteur des années durant.

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Dans ces pays, le rôle de Business Analyst commence à se faire un nom. Ainsi, dans les projets de systèmes d’information non agiles, le rôle de consultant fonctionnel / AMOA — bien qu’il soit extrêmement restreint par rapport à son périmètre réel — est assez bien connu des chefs de projet.

En revanche, dans le cadre d’une gestion de projet agile, le flou artistique entoure le rôle de Business Analyst. Non pas que celui-ci ne soit plus nécessaire dans un tel contexte – bien au contraire !

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L’absence de formations ou d’informations

Mais tout simplement, en l’absence de formation / d’information, nous avons tous tendance à nous référer aux seuls contextes déjà expérimentés par le passé. Puisque la plupart des approches agiles ne mentionnent pas explicitement le rôle de Business Analyst, les recruteurs et l’équipe technique du projet, tout comme le Business Analyst en systèmes d’informations lui-même ne savent plus comment le / se positionner.

Heureusement, nous nous dirigeons lentement mais sûrement vers le niveau de maturité du groupe 1, et cette compréhension finira sans nul doute par émerger d’ici quelques années (voire plus tôt, si vous likez et partagez mon article et mon blog !)

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L’importance des études supérieures

Enfin, sachez également que dans ces pays du 3ème groupe, faute de diplômes académiques et de connaissances sur les certifications existantes, les recruteurs exigent un niveau minimum équivalent à Bac + 4/5, avec une préférence pour les IAE, écoles de commerce, de management et d’ingénieur.

C’est d’ailleurs assez amusant de voir que dans les pays du groupe 1, le niveau minimum requis est « bachelor’s degree », soit le niveau licence, pour peu que celui-ci soit couplé avec un diplôme en Business Analyse ou une certification.

 

4ème groupe : le reste du monde francophone

Les pays de ce groupe, notamment les pays francophones d’Afrique (je n’ai pas de recul sur les autres pays non francophones), sont pour la plupart d’entre eux au niveau de maturité que nous connaissions en France dans les années 1990.

Un métier en émergence

L’étude d’opportunité, le cadrage, l’analyse des risques, l’analyse des besoins, la conduite du changement, etc… Toutes ces activités ont fait leurs preuves dans les autres pays des 1er, 2ème et même du 3ème groupe, car nous avons collectivement appris qu’elles sécurisent la mise en œuvre financière, qualitative et temporelle des projets.

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Des écarts de standards

Dans les pays de ce 4ème groupe, cela frémit à présent, et parfois violemment en raison de l’internationalisation croissante.

Ce fut le cas par exemple d’une entreprise sénégalaise rachetée par un groupe anglosaxon, lequel appliqua de facto ses standards internes de business analyse… sans réaliser immédiatement que ceux-ci étaient à des années-lumière de la réalité terrain sénégalaise. La nouvelle filiale a ainsi été plongée sans préparation ni formation dans les exigences anglo-saxonnes en matière de cadrage et gestion de projet, de conception fonctionnelle, ou encore d’ingénierie des exigences. Presqu’insurmontable quand le métier de Business Analyst est totalement inconnu.

 

Pour conclure: une discipline incontournable

Vous le voyez, la compréhension et l’application de la Business Analyse est encore très différente d’un pays à l’autre. Même les pays anglo-saxons, pourtant très en avance sur nous autres Français et francophones, n’ont pas fini leur cheminement vers la professionnalisation de cette discipline qui est à présent incontournable dans les projets de transformation des entreprises.

Et vous, quelle est votre expérience de la Business Analyse ? Partagez-la avec moi en commentaire 😊 !

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Alice Svadchii
Alice Svadchii
Auteure du blog et Business Analyst enthousiaste
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Alice Svadchii

Formatrice, coach, conférencière et productrice de contenus enthousiaste !

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