Doit-on avoir des connaissances en informatique pour devenir Business analyst ?

Vous êtes en pleine réflexion pour vous reconvertir professionnellement, et le rôle de Business Analyst vous semble une excellente piste pour ne pas repartir de zéro, tout en exerçant un métier intéressant et offrant de nombreux débouchés.

Mais, après avoir effectué des recherches complémentaires, vous commencez à vous demander si cette reconversion est à votre portée. En effet, il semble que la maîtrise de l’informatique soit un prérequis, et même si l’utilisation du clavier et du mulot ne vous pose aucune difficulté, cela vous fait un peu peur…

Je vous propose donc dans cet article une mise au point sur les compétences en informatique nécessaires quand on est Business Analyst.

La différence entre Business Analyst IT, gouvernance et métier

Un métier, un rôle et une discipline

Sans surprise, le terme de « business analysis » nous vient du monde anglo-saxon. Il est assez récent, ayant été formalisé pour la première fois en 2005 en tant que norme commerciale dans le BABOK® de l’IIBA®.

L’analyse métier a pour objectif d’aider les organisations à définir et à implémenter la solution optimale qui leur permettra de résoudre un problème ou de faire face à un besoin d’évolution. Cette démarche intègre la prise en compte de nombreuses contraintes externes (marché, réglementations…) et internes (calendrier, budget, procédures de l’entreprise, stratégie de développement…).

Bien qu’on l’associe le plus souvent aux projets informatiques, le périmètre du Business Analyst est beaucoup plus large. En français, le terme de “Business Analyst(e)” a de nombreux synonymes : consultant, analyste métier, analyste fonctionnel, assistant à la maîtrise d’ouvrage (AMOA), assistant à la maîtrise d’œuvre (AMOE), Product Owner, analyste d’exigences, analyste des processus, responsable procédures, analyste d’entreprise, chef de produit SI, responsable qualification / recette, spécialiste solutions, consultant ERP/BI/PLM, etc…

Avant de répondre à la question, il faut avoir en tête qu’un Business Analyst a plusieurs « spécialisations » :

  • Le Business Analyst IT travaille sur les projets de systèmes d’information ;
  • Le Business Analyst « métier » travaille sur des projets opérationnels sans finalité d’implémentation de solution logicielle. Par exemple : le reengineering de processus métier ou la mise en place d’une démarche d’amélioration continue. Il peut également être sollicité dans le cadre de projet de lancement de produits – technologiques ou non.
  • Le Business Analyste « gouvernance », quant à lui, aide les cadres dirigeants à piloter leur activé et leur stratégie d’entreprise, par exemple en les aidant à la mise en place du suivi des performances des fournisseurs, ou à la définition des KPI (Key Performance Indicators : vision opérationnelle) et TCO (Top Company Objectives : vision stratégique).

Petit point terminologique à ce stade : il n’y a pas de réel consensus ni de définition universelle sur l’emploi du terme « Business Analyst », même si les schémas de certification essaient de mettre un peu d’ordre dans la compréhension de cette discipline.

Comme je l’ai écrit précédemment, certaines entreprises étiquettent le BA différemment – consultant, PO, AMOA etc. Les trois spécialisations que je vous indique donc là reflètent surtout le périmètre d’intervention d’un business analyst, qu’il est important de comprendre car ses compétences pré-requises ne sont pas les mêmes.

Retenez en effet que, en raison de leur périmètre d’intervention, le Business Analyst « métier » et le BA « gouvernance » ne requièrent pas de connaissances en IT, mais:

  • Ce sont en général soit des professionnels ayant une expertise démontrée dans un secteur d’activité ou un département d’entreprise, soit des consultants de cabinets de conseil. Ceux-ci montent en compétence en interne grâce à l’organisation du travail en « squads », qui est une équipe par exemple composée d’un consultant senior, d’un consultant de 3 ans d’expérience et d’un consultant jeune diplômé.
  • Les BA « gouvernance » et « métier » représentent environ 20% des besoins du marché de la business analyse.


80% des Business Analyts sont donc des BA IT,
ce qui explique l’amalgame fréquent entre « business analyst » et « business analyst en systèmes d’information ». Pour répondre à la question des compétences pré-requises en informatique, je me focaliserai donc sur cette dernière catégorie.


Que signifie « compétences en informatique »?

Si je vous dis que vous devez avoir des compétences en BTP, il y a des chances que vous me demandiez de préciser : maçonnerie, plomberie, maîtrise d’œuvre, électricité, aménagement intérieur… ?

Eh bien pour l’informatique, c’est pareil, à la différence près que les progrès technologiques sont tellement rapides et multiples que le périmètre IT (Information Technologies) évolue sans cesse.

Voici les compétences en informatique généralement enseignées dans les formations IT généralistes :

Et de plus en plus fréquemment :

  • Les logiciels ERP et BI
  • Les mathématiques & statistiques, pour l’Intelligence Artificielle, le Big Data, le machine learning etc (forte croissance des demandes de data analysts et data scientists).

Très bien mais… quand on veut devenir Business Analyst IT, doit-on apprendre tout cela ?

>> Lire aussiBig data : assiste-t-on à l’émergence d’une expertise data « full-stack » ?


Les attentes des recruteurs vs. les besoins réels en situation opérationnelle

En France, et dans un certain nombre de pays francophones, le métier de Business Analyst – quoique présent et recherché partout – est malheureusement méconnu. Beaucoup de recruteurs et d’ingénieurs d’affaires d’ESN croient savoir ce que fait un business analyst, et la plupart du temps, ils réduisent ce rôle à deux activités : la conception fonctionnelle (SFG et SFD) et les tests fonctionnels.

Ces deux activités sont orientées solution technique, donc rien d’étonnant à ce qu’ils réclament souvent des candidats ayant des compétences en SQL ou XML.


>> Lire aussiOù s’arrête le rôle du Business Analyst (et où commence celui de l’équipe technique)

Les recruteurs confondent souvent également business analyse avec une multi-compétence « fourre-tout » mélangée à la gestion de projet. Cela les conduit donc, dans l’ignorance, à rechercher des hybrides possédant des compétences en informatique, en gestion de projet, en conseil, avec une grosse capacité de communication. Quand on ne sait pas, on demande tout, au cas où…

Admettons que vous fassiez l’affaire, et que vous soyez recruté parce que vous savez requêter en SQL et que les balises XML n’ont plus de secrets pour vous. Vous n’avez pas encore fait vos gammes en tant que Business Analyst, mais le recruteur doit savoir ce qu’il veut, donc vous pensez que cela vous suffira pour vous débrouiller et pour apprendre sur le tas.

Malheureusement, bien souvent, la compétence en SQL et XML ainsi qu’une bonne capacité rédactionnelle ne suffisent pas – et de très, très loin.

Le business analyst fraîchement recruté se rend alors compte que ce ne sont pas ces compétences-là qui sont nécessaires sur le plan opérationnel pour réaliser ses activités d’analyse métier, et il se sent perdu (mais chut, cela ne se dit pas, mieux vaut souffrir en silence du syndrome de l’imposteur).

>> Lire aussiLe Business Analyst est-il un imposteur ?


Des compétences informatiques qui diffèrent en fonction de la solution technique

Les projets de déploiement de solutions informatiques peuvent êtres répartis en deux grandes catégories : les solutions d’éditeurs et les logiciels sur mesure.

Les compétences en informatique requises pour être un Business Analyst efficient diffèrent vraiment beaucoup selon la solution à mettre en place.

  • Solutions d’éditeurs

Dans cette catégorie, je place les logiciels de Business Intelligence (BI), les progiciels de gestion intégrée (PGI, ou ERP Enterprise Resource Planning), les outils de gestion du cycle de vie (PLM), ou encore les logiciels gérant la relation client (CRM, Customer Relationship Management). Ces « COTS » (commercial off-the-shelf ») font appel à des business analysts au préalable formés à ces solutions. Ils devront en effet maîtriser les fonctionnalités « catalogue » de A à Z, pour les (faire) adapter, configurer, intégrer, et interfacer avec d’autres systèmes.

Le Business Analyst qui intervient sur ce type de logiciel est aussi appelé, en France, « consultant technico-fonctionnel ». Car effectivement, dans ce cas précis, il est nécessaire d’avoir une bonne culture IT, qui va au-delà des langages de base que sont le SQL et le XML.

  • Logiciels sur mesure

Théoriquement, les développeurs peuvent programmer tout ce que l’imagination du business analyst aura conçu au préalable. Les limites des logiciels « maison » sont le temps et le budget.

Les BA qui interviennent dans le cadre d’une mise en place de tels logiciels n’ont donc pas besoin d’une réelle compétence en informatique, il est bien plus important de savoir éliciter et décrire les exigences métier et de la solution.


Des compétences en informatique différentes selon le type d’activité

Un business analyst intervient tout au long du cycle de vie de la solution et du projet informatique.

Il peut réaliser de nombreuses activités d’analyse métier, comme par exemple :

  • Le cadrage d’un projet ou d’un besoin
  • L’élicitation
  • Différentes analyses: de l’existant, des besoins, analyse comparative, analyse d’écart, analyse des risques …
  • La cartographie et la redéfinition des processus métier
  • La description des exigences de la solution logicielle cible
  • La préparation et le déroulement des tests fonctionnels
  • La formation utilisateur
  • La conduite du changement

Certaines de ces compétences nécessitent une forte compétence métier, d’autres – orientées solution technique – demandent au business analyst d’avoir au préalable certaines compétences informatiques.

Ainsi, selon l’activité principale que vous êtes appelé à réaliser, vous aurez besoin plus des unes ou plus des autres.


Ma réponse à la question

Je sais que certain(e)s d’entre vous seront désappointés par ma réponse, car ils ont vraiment peur de l’informatique. Ou du moins, ils pensent que c’est hors de portée de leurs capacités (par méconnaissance du sujet, car je pense que tout le monde peut comprendre les notions de base de l’informatique. Rien à voir avec être bon ou mauvais en maths !).


Oui – du moins un vernis.

Je pense qu’il est nécessaire, quand on est Business Analyst en systèmes d’information, d’avoir des compétences de base en informatique.

Mais attention : des connaissances en IT ne sont pas la seule condition pour être un bon business analyst IT. Il y a bien d’autres compétences qui, à mon sens, sont plus importantes encore.

 >> Lire aussiTop 5 des compétences-clé d’un Business Analyst

Il faut d’abord connaître les fondamentaux de l’analyse métier, ses activités, livrables, techniques et méthodes. Cette discipline étant au croisement entre les utilisateurs métier et informatiques, il est également indispensable d’avoir une connaissance systémique, ainsi qu’une culture générale et métier suffisantes pour les comprendre.


Un BA n’est pas un expert métier pas plus qu’il n’est un expert IT !


>> Lire aussiDoit-on être expert métier quand on est Business Analyst ?

En d’autres termes, des compétences générales suffisent, car vous ne devriez jamais avoir à coder ni à analyser en détail un programme. Si on vous le demande, c’est qu’il y a erreur de casting de la part du recruteur.


Mes conseils pour devenir Business Analyst IT

Voici donc les conseils que je donne à celles et ceux d’entre vous qui veulent devenir business analysts en systèmes d’information.

  • Se former au « wording IT » pour être en mesure de parler aux équipes de développement et comprendre leurs besoins.
  • Avoir un vernis IT pour exécuter les activités de Business Analyse orientées solution : tests, spécifications fonctionnelles détaillées, User Stories, architecture fonctionnelle
  • Apprendre l’algorithmie :
    • La mot peut faire peur aux débutants, mais l’algorithmie est tout simplement une suite finie et non ambiguë d’opérations ou d’instructions permettant de résoudre une classe de problème. Par exemple, Si… Alors… Sinon ; Tant que… alors… ; Cas n°1… faire ceci, Cas n°2, … faire cela.
    • L’algorithmie est la baguette magique du business analyst. Vous l’utiliserez consciemment ou non en décrivant vos spécifications fonctionnelles, en modélisant, etc… Ce n’est pas qu’une affaire de développeur.
  • Apprendre les rudiments des langages SQL, XML (et HTML): vous serez en effet sans doute amené(e) à faire quelques requêtes simples en base de données pour les tests ou pour certaines techniques d’élicitation.
  • Les bases de données: comprendre ce que c’est, comment elles sont structurées.
  • L’architecture des Systèmes d’Information: surtout si vous travaillez sur des projets d’implémentation de BI, ERP, PLM, CRM, pour comprendre les interactions entre couches logicielles, les interfaces entre systèmes, la notion de batch, le temps réel et le temps différé.
  • Notions en cybersécurité : le sujet qui monte, qui monte… et devient incontournable.

 

Un business analyst débutant a fréquemment comme première mission la conception fonctionnelle de la solution technique, les tests fonctionnels, l’assistance à la recette client, ou encore la formation des utilisateurs à la nouvelle solution IT.

Ce sont donc des activités orientées solution technique, qui requièrent d’avoir ce vernis minimum en IT.


Ne soyez pas découragé.

Beaucoup de busines analysts commencent sans avoir de compétences en informatique. C’est donc possible, bien entendu, mais pour vous épanouir dans votre nouveau job, proposer une réelle valeur ajoutée à l’équipe projet et aux clients, et éviter de souffrir du syndrome de l’imposteur, je vous conseille d’investir un peu de temps supplémentaire à l’acquisition de ces compétences de base.

Il y a plein de tutoriels sur le web, comme par exemple dans le site developpez.com ou la collection des livres « Pour les Nuls », ou encore des formations MOOC bon marché mais suffisantes pour votre objectif.

A l’exception notable des data sciences, qui font appel à des connaissances pointues en statistiques et en mathématiques, on peut être nul en maths et fort en informatique, cela n’a rien à voir. En fait cela s’apparente plus à l’apprentissage d’une langue vivante (on appelle cela d’ailleurs… des langages de développement). Alors… lancez-vous !

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Alice Svadchii
Alice Svadchii
Auteure du blog et Business Analyst enthousiaste
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Alice Svadchii

Alice Svadchii

Formatrice, coach, conférencière et productrice de contenus enthousiaste !

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